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ou une échancrure faite au pot à cet effet, ou en l’entourant d’un cornet de plomb ou d’une caisse de bois.

Dans ces deux cas, il est toujours avantageux de faire une ligature à la partie de la branche qui entre dans la terre du pot ou de ce qui le remplace, ou de lui enlever un anneau d’écorce, afin de déterminer la formation d’un bourrelet ; cependant on peut s’en éviter la peine, lorsqu’on a employé une branche qui soit de deux sèves, et que la ligne de partage de ces deux sèves est mise dans la terre.

Le point le plus difficile est d’entretenir dans ces pots, ainsi en l’air, le degré d’humidité nécessaire à la formation des racines, et il suffit, dans certains temps, que les arrosemens aient été oubliés une fois pour perdre le fruit de plusieurs mois et même de plusieurs années de soins. On y supplée par un moyen ingénieux, qui consiste à attacher un vase de verre ou de terre plein d’eau, sur une branche placée au dessus du pot de la marcotte, et de faire communiquer l’eau de ce vase, avec la terre de ce pot, par une petite corde de laine peu tordue ; l’eau, en vertu de sa propriété attractive, suinte à travers les fils de cette corde, et entretient une humidité constante autour de la marcotte, humidité qu’on peut concentrer encore en couvrant le pot d’une quantité de mousse suffisante pour en retarder l’évaporation.

Il est quelques espèces d’arbres et d’arbustes qui demandent qu’on laisse former leur bourrelet à l’air, avant de les mettre dans la terre ; d’autres qui, au contraire, exigent d’être enterrées à l’instant même où l’on a cerné leur écorce. L’expérience seule peut guider dans l’application de ces anomalies.

Ce que j’ai dit des soins à donner aux autres marcottes, avant et après leur sevrage, s’applique à celles-ci ; ainsi je n’entrerai dans aucun détail à leur sujet.

On ne doit pas faire trop de marcottes à la fois à un arbre précieux, parce qu’elles le fatiguent beaucoup, et quelquefois le font mourir. Il n’est pas rare de voir des pépiniéristes avides perdre, par ce moyen, les sujets sur lesquels ils fondoient les plus brillantes spéculations.

Les arbres ou arbustes de la cinquième division, que j’ai dit appartenir aux parties méridionales de l’Europe ou de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique, dont la température est la même, et être susceptibles de craindre la gelée dans le climat de Paris, demandent une culture un peu différente et des soins particuliers, aux approches de l’hiver et au commencement du printemps.

Leurs graines doivent être presque toutes semées dans des terrines sur couche, et, lorsqu’on veut les semer en pleine terre, il faut que ce soit contre un mur exposé au midi. Il faut de plus pouvoir couvrir, pendant l’hiver, leur jeune plant avec de la paille, de la fougère, des feuilles sèches, afin de les garantir de la gelée. Une terre sèche et substantielle leur convient généralement ; ainsi on leur ménagera les arrosemens et on les fumera. Du reste, on les sarcle et on les transplante, lorsqu’ils ont acquis deux ou trois ans, comme les autres, en ayant attention de les mettre, soit en les repiquant, soit en les plaçant à demeure, dans une bonne exposition, et de les couvrir aux approches de chaque hiver. Leur culture en pot est toujours préférable pour les pépiniéristes, et, alors, ils rentrent dans la culture de la classe suivante.

Ce mode de culture en pot est d’autant plus dans le cas d’être préféré, que plusieurs arbres ou arbustes de cette classe ne reprennent que fort difficilement à la transplantation, même à un âge peu avancé, particulièrement ceux qui conservent leurs feuilles pendant l’hiver, tels que les philaria, les alaternes, les chênes verts, etc.

Généralement, on se contente de couvrir ou d’entourer de paille ou de fumier non consommé les pieds des arbres et arbustes de cette division qu’on laisse en pleine terre ; mais il est beaucoup préférable de leur faire une espèce de petite serre, soit avec des planches, soit avec des bâtons, entourée de ces matières, et au sommet de laquelle on laisse un trou qui ne se bouche que dans les plus grands froids. Ainsi disposés, ces arbres ou arbustes conservent leurs feuilles et poussent même quelquefois ; mais on doit ne les mettra à l’air, au printemps, qu’avec précaution, c’est-à-dire ne les découvrir que lentement et par un temps doux, pour empêcher les funestes effets d’un air trop froid ou trop sec sur leurs bourgeons attendris par l’étiolement.

La plupart des arbres et arbustes dont il est ici question ne donnent point de graines dans le climat de Paris, et se multiplient difficilement de marcotte et encore plus de bouture ; mais on greffe quelques uns sur des espèces du même genre plus faciles à élever ; par exemple, l’arbousier à panicules, (arbutus andrachne L.) sur l’arbousier commun, (arbutus unedo L.) On est presque toujours obligé de se fournir de graines dans le pays natal : aussi sont-ils rares dans les pépinières, dont leur mauvaise