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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/427

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on garnit les passées de collets ; on en distribue le long des raies des champs. Dans tous les cas, il est bon de semer les routes qui conduisent à ces pièges, de quelques poignées de blé, d’avoine ou d’orge, etc. Les collets sont sur-tout meurtriers en hiver, par un temps de neige ; si alors on nettoie de neige un certain espace d’un champ, que l’on y jette du grain et qu’on le couvre ou de collets traînans, ou bien que l’on dresse à travers les sillons des collets piqués, défendus par des garnitures, les perdrix, pressées par le défaut de vivres, et cheminant le long des raies pour ramasser le grain, s’arrêteront infailliblement par le cou ou par les pattes. Ces collets s’emploient aussi avec succès vers la fin de janvier, lorsque les coqs commencent à courir après les femelles. Ils se livrent sur-tout à ces jeux, lorsqu’une petite gelée du matin a affermi la terre et facilite leurs courses le long des sillons. Alors on les traverse d’une haie de branchages, laissant au fond une passée garnie d’un collet piqué, mais dont le haut doit s’incliner un peu sur le chemin, parce que, s’il étoit vertical, la perdrix courant la tête haute, le pousseroit avec son estomac, au lieu que, s’inclinant, il présente un petit obstacle qu’elle veut franchir en baissant la tête, ce qui la fait s’engager elle-même et se serrer le cou.

Le trébuchet appâté est aussi, en hiver, et même en d’autres temps, un piège d’un effet sûr. Lorsque dans un endroit fréquenté par les perdrix on peut avoir quelque haie, ou buisson, ou souche, comme au voisinage des vignes, bosquets et bruyères, on commence par semer çà et là du grain, principalement du blé, de l’orge et de l’avoine, et on fait des traînées qui, de divers points, conduisent à l’endroit convenable, où on laisse cinq ou six poignées de ces mêmes grains. Lorsque les perdrix y sont venues un jour, elles y reviennent encore le lendemain ; et, familiarisées par le succès, elles se précipitent sous le Trébuchet, (Voyez ce mot) que l’on y tend au bout de deux ou trois jours, et sous lequel toute une compagnie se trouve prisonnière. Avec cet instrument, on a la facilité de choisir les mâles et de les manger ; on peut, et si l’on est curieux de chasse, nourrir les femelles pour les lâcher au temps de la pariade, et multiplier la race en débarrassant ces femelles des poursuites des mâles, si nuisibles, comme je l’ai dit plus haut, à la ponte et à la couvaison. Plusieurs auteurs indiquent, pour parvenir au même but, un filet dont le jeu ne me paroît ni aussi sûr, ni aussi commode que celui du trébuchet. On commence, dans cette méthode, par planter quatre piquets en carré, au milieu desquels on place le grain. Si les perdrix y viennent, on joint à ces piquets quelques branchages. Quand ce nouvel appareil ne les rebute pas, on ajoute des cordes ou des morceaux de filet, qu’enfin on tend tout de bon. Pour cela, on plante solidement en terre quatre nouveaux piquets, si les premiers ne sont pas assez forts, éloignés les uns des autres de quatre pieds environ. On établit sur la tête de ces piquets, au moyen de cordes qui vont de l’un à l’autre, un filet tendu horizontalement. Les bords de ce filet doivent traîner jusqu’à terre, mais on les relève et retrousse sur les quatre côtés. Au bas de chaque piquet, rez terre, est attachée une bouclette ou anneau ; par ces anneaux on passe une cordelette qui remonte, au sortir de chaque anneau, dans la lisière du filet qu’elle borde tout autour en passant à travers les dernières mailles. Après avoir ainsi embrassé le filet, les deux bouts de cette corde se réunissent à une troisième fort longue, qui aboutit à une cachette éloignée d’une trentaine de pas, plus ou moins, dans laquelle se tient le chasseur. Lorsque