Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

usitées en médecine, il ne faut conserver dans les pharmacies que celles qui sont saines et entières dans des boîtes d’étain ou de bois revêtues intérieurement d’une feuille de métal laminé ; mais souvent elles sont détériorées, et le plus ordinairement falsifiées ; la plupart sont apportées sèches. Les cantharides sont presque les seules que le pharmacien devroit préparer lui-même, quand il est à portée de s’en procurer. (Parm.)


PHORMIUM, genre de plante qui eût fait partie de la classe neuvième, première section, ou des fleurs en lis de Tournefort, et de l’hexandrie-monogynie, ou de la sixième classe, section première de Linnæus, s’il eût été connu de ces deux auteurs. Il entre dans la famille des asphodèles, et se range à côté du genre de la jacinthe, dans l’ordre naturel. Relativement à ses usages économiques, il doit faire partie de la série des plantes textiles ou filamenteuses.

Ce genre a été institué par Forster, dans son Ouvrage sur les plantes de la mer du Sud. Il en a décrit et figuré les caractères essentiels, avec beaucoup de méthode et d’exactitude. La plante sur laquelle a été établi ce nouveau genre, a été trouvée à la Nouvelle-Zélande, par sir Joseph Bank’s, auquel les sciences naturelles ont tant d’obligation : il la découvrit dans le voyage qu’il fit, avec le capitaine Cook, autour du monde, et en publia une excellente figure qui est insérée dans le premier volume du deuxième voyage de Cook.

Le phormium, qu’on appelle improprement lin de la Nouvelle-Zélande, puisqu’il n’a d’autre rapport avec cette plante que de fournir des fibres propres à la filature, comme beaucoup d’autres, telles que le chanvre, le pite, l’abutilon, l’ortie, le mûrier, etc., est connu des botanistes sous le nom de phormium tenax. Nous traduirons ce nom en français par celui de phormium textile, pour ne pas introduire de confusion dans les idées des cultivateurs.

Le phormium textile est une plante vivace qui conserve ses feuilles toute l’année, et ne les perd que successivement ; celles de la circonférence, parvenues à toute leur étendue, s’oblitèrent et se dessèchent, tandis qu’il en pousse de nouvelles du centre de la plante.

Racines. Elles sont épaisses, tubéreuses, charnues, de couleur blanche dans leur intérieur, et couvertes d’un épiderme brun ; d’une forme irrégulière et noueuse, garnies de racines secondaires jaunâtres qui se divisent en chevelu brun, délié, très rameux, et se terminent par de petites houppes ou suçoirs glanduliformes.

Œilletons. Ils font, dans ces plantes, l’office de bouture ou de gemma dans les arbres. Leur forme est arrondie dans leur circonférence, pointue par le haut ; ils sont appliqués sur les plus grosses racines dont ils ne semblent d’abord que des nodosités, et prennent ensuite la forme d’une bulbe arrondie et pointue. Ils croissent près de l’œilleton principal, souvent ils s’implantent dessus et poussent entre les feuilles du bas des mères plantes.

Feuilles. Elles sortent successivement du centre des œilletons, au nombre de huit ou dix, qui, partant toujours du même point, écartent du centre celles qui ont crû les premières. Elles sont longues d’environ cinq pieds, terminées en pointes aiguës, sur près de quatre pouces de large, d’un vert gai et luisant en dessus, blanchâtres en dessous et bordées d’un liseré très-étroit, coloré en rouge. Ces feuilles sont distiques et s’engainent les unes dans les autres par leur base ; elles sont divisées en deux parties égales dans toute leur longueur, par une carêne ou côte d’autant plus saillante qu’elle est plus voisine du pied de la plante. Leur consis-