Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/441

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nent que lentement à se passer des secours paternels. Une fois adultes, les pies s’accouplent et ne se quittent point. On ne les voit en bandes qu’en famille, ou par accident et momentanément. Celles que l’on prend au nid s’élèvent facilement, parlent bien, sur-tout si on leur coupe le filet. Leur mot favori est margot ; il est devenu leur second nom. On les nourrit avec du pain, du fromage mou, dit à la pie. Leur chair est un médiocre manger, et bien inférieure à celle des jeunes freux ; cependant, mise au pot, elle donne au bouillon un fort bon goût.

La chasse aux pies n’est autre que la tendue de divers pièges. Les collets à ressort de fil de fer, pour Canards, (Voyez cet article) ou la pince d’Elvaski, en arrêtent beaucoup. Les rejets, sauterelles ou raquettes, tels qu’on les tend pour les geais, amorcés de pois ou de fruits, sont aussi très-convenables pour prendre les pies, selon quelques auteurs ; mais celui de l’Aviceptologie assure que la méfiance dont elles sont douées les en écarte, et que jamais elles n’ont posé sur un piège, quelque bien appâté qu’il fût.

Les collets traînans attachés à des piquets dans un champ semé de pois ou de fèves, trempés dans l’eau, sont employés avec un succès plus généralement reconnu. Les pies donnent aussi plus volontiers dans des gluaux. Leur cri est un de ceux qu’un pipeur doit savoir contrefaire pour attirer et encourager les autres oiseaux. Cependant leur arrivée dans une pipée est peu désirée du chasseur, parce que leur mobilité, et la vivacité de leurs mouvemens, détend une partie des gluaux avant qu’elles se trouvent prises. Elles accourent d’ordinaire avec les geais, quand elles entendent crier les pinsons.

On peut aussi les empoisonner avec des yeux d’écrevisses, réduits en poudre et mêlés avec de la graisse. Cette même préparation est encore un poison pour les corbeaux. (S.)


PIGEONS. Il n’est pas d’espèce d’oiseaux aussi généralement répandue, ni aussi multipliée que le pigeon ; il n’en existe pas non plus qui présente plus de variétés, soit dans l’arrangement et l’état lisse de leur plumage, soit dans les produits qu’on en retire. Plusieurs sont estimés à cause de leur volume ; d’autres se font admirer par la rapidité de leur vol, par l’élégance de leurs formes et par la vivacité de leurs couleurs ; il y en a enfin qui, par leur manège et les soins qu’ils prennent de leurs petits, inspirent le plus tendre intérêt. Toutes ces nuances ont leurs agrémens particuliers et plaisent tellement que des curieux ont fait, et font encore de l’éducation de ces animaux leur plus sérieuse occupation, leurs plus douces jouissances. Ils savent que tel jour, telle paire pond, telle autre couve et éclôt. Mais ne devant les considérer que sous les rapports d’utilité, nous nous bornerons à présenter ici quelques faits relatifs aux deux espèces les plus communes, savoir : les pigeons fuyards ou de colombiers, et les pigeons mondains ou de volière. Les vues que nous allons présenter ne seront qu’un supplément ou une confirmation des procédés que Rozier a donnés à l’article Pigeon.

Le pigeon fuyard est un oiseau à demi domestique, un esclave libre qui, pouvant nous quitter, est retenu par les avantages que nous lui offrons ; il vole en troupe avec les oiseaux de son espèce, et ne fait point société avec les autres oiseaux ; il erre à son gré dans la campagne, y cherche la nourriture qui lui convient, et, trouvant un gîte dans le bâtiment qui lui est préparé, il s’y établit avec sa femelle, pour y élever ensemble les petits qui résultent de leur union. (Voyez Colombier.)