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plus ou moins recherchées par les animaux, d’autres qui leur sont plus ou moins nuisibles. Parmi ces premières, il en est dont la culture est plus ou moins facile, plus ou moins avantageuse. La science du cultivateur consiste à savoir discerner ces différentes plantes, à connoître le sol, le climat, l’exposition, la culture qui leur est propre, et à savoir les approprier à ses besoins.

Celui qui voudra améliorer ses prairies et ses pâturages, ou en former de nouveaux, apprendra d’abord à bien connoître la nature du terrain.

Un cultivateur, avant de confier à la terre les semences de froment, de seigle, de maïs, de lentille, etc., examine quelle qualité de sol leur convient ; et c’est d’après cet examen qu’il se décide à la culture d’une plante de préférence à une autre. Pour quelle raison n’apporteroit-il pas le même examen, lorsqu’il s’agit d’améliorer ses prairies et ses pâturages ? Les plantes qui les composent n’affectionnent-elles pas également une nature de terrain ou une exposition particulière ? Les unes aiment une terre argileuse et substantielle, les autres se plaisent dans un sol léger ; celles-ci croissent dans un sol marécageux ou humide, ou sablonneux, ou calcaire, etc., etc. ; enfin leurs domiciles sont aussi variés que la diversité des substances ou des formes qui constituent la superficie de notre globe. Il est donc évident que l’amélioration des prairies et des pacages ne peut avoir lieu si l’on néglige de choisir le sol et l’exposition qui conviennent aux plantes.

Un cultivateur examinera quelles sont celles qui croissent spontanément dans ses prairies, et quelles sont, parmi ce nombre, celles qui végètent avec le plus de force, et dont la récolte semble promettre de plus grands bénéfices ; celles qui sont recherchées des bestiaux, ou celles qui peuvent leur être nuisibles.

Il ne faut pas oublier que ce choix doit être aussi dirigé d’après la nature des animaux qu’on se propose d’élever. Il est des plantes qui sont recherchées par une espèce, tandis qu’elles sont rejetées, ou même qu’elles sont nuisibles à telle autre. Ainsi les chèvres mangent avec plaisir les tithymales qui sont un poison pour certains animaux. Les moutons prospèrent et s’engraissent sur un pâturage formé par la fetuca ovina, tandis que les bœufs et les chevaux y dépérissent, par la raison que cette plante leur convient peu, et qu’elle leur fournit un aliment ni assez substantiel, ni assez abondant. Non seulement chaque espèce d’animaux a une prédilection marquée pour certaines plantes, mais elle affectionne aussi plus particulièrement telle ou tel le partie de ces plantes : les cochons recherchent les racines, les moutons choisissent les feuilles, les chèvres dépècent les fleurs et l’extrémité des branches.

On doit aussi considérer dans le choix des plantes leurs propriétés intrinsèques et relatives à la nutrition, d’après l’objet qu’on a en vue. Ainsi, il est des circonstances où un cultivateur éclairé refusera à ses animaux certaines plantes, quoiqu’elles leur soient agréables, et qu’elles leur fournissent une nourriture substantielle : celles qui donnent de la force aux animaux n’ont pas toujours la propriété d’augmenter chez eux la chair ou la graisse, et vice versa. On a reconnu que les fourrages procuroient un engrais plus prompt, de meilleure qualité, et plus économique les uns que les autres. Il en est, tels que le trèfle incarnat, la carotte, etc., qui augmentent le lait ou le beurre des vaches, et qui le rendent d’une saveur plus agréable ; d’autres lui communiquent un goût qui déplaît aux organes délicats, telles sont les différentes espèces d’aulx ; les unes présentent de plus grands avantages à être pâturées