Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/508

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de lait, et c’est précisément cette abondance qui trompe les cultivateurs sur l’état de leurs animaux. Toutes leurs plaintes sont relatives à l’avortement, auquel ces vaches sont extrêmement exposées, et à la difficulté qu’ils éprouvent pour faire prospérer les veaux femelles qu’ils voudroient élever pour remplacer les bêtes qui périssent.

La fin de l’animal s’annonce par la difficulté de marcher, par la pâleur extrême des naseaux, des lèvres et de l’intérieur de la bouche ; par le resserrement de la peau sur les os ; quelquefois par la crépitation du tégumentle long de l’épine ; par le dessèchement des ars, par des rides aux mamelles ; enfin, si on ne se hâte de sacrifier l’animal, son reste de vitalité l’abandonne en peu d’heures, et il succombe d’une manière assez paisible.

La mort le saisit souvent un instant après qu’il a mangé, car l’appétit subsiste autant que la vie : il est cependant vrai de dire que la bête ne peut prendre que les alimens qui sont dans l’auge et tout à fait à sa portée, ne pouvant ni lever ni baisser la tête pour les atteindre. Telles sont les successions par lesquelles cette maladie passe, avant d’amener la destruction de l’animal.

Les vaches atteintes de cette maladie ne peuvent s’engraisser ; ce qui a trompé quelquefois les acheteurs qui croyoient avoir fait une bonne spéculation, parce qu’ils avoient ces vaches à bon marché.

Ouverture. La poitrine renferme toutes les altérations essentielles de la maladie.

Le poumon est garni de tubercules, c’est-à dire de concrétions plâtreuses, grosses comme des noisettes, comme des œufs de pigeon, ou comme des pommes ; et c’est sans doute ce qui a fait donner à la maladie le nom sous lequel nous la décrivons. Ces corps résistent au tranchant du scalpel, et sont quelquefois si tassés et si près les uns des autres, que le poumon en est entièrement enveloppé et farci, les glandes bronchiques sont tuméfiées, dures, squirrheuses ; le médiastin, les plèvres sont épaissis, ont des adhérences de toutes parts, des ramifications très-dures, et pour ainsi dire cartilagineuses ; les poumons participent à cet état et présentent un amas de concrétions, d’où il résulte un tissu changé de nature, et une masse blafarde, dont le poids s’est trouvé d’une cinquantaine de livres, étant détachée du thorax ; ce qui fait à peu près le quadruple ou le quintuple de son poids ordinaire. Le péricarde, le cœur, quoique sains, se trouvent renfermés sous une espèce de voûte résultante de ce mode d’induration : et ainsi le cœur éprouve une diminution dans l’étendue de ses mouvemens.

Il en est de même de l’artère pulmonaire et de l’aorte ; l’épaisseur du médiastin gêne aussi quelquefois l’œsophage, suivant la longueur de son trajet dans la poitrine, et s’oppose au passage des alimens.

La plèvre pulmonaire est infiltrée d’air ; toutes les parties sont dépourvues de graisse, ou le peu qui en existe est jaunâtre ; les muscles, frais, sont blafards ; la chair cuite n’a pas cette couleur brune qui s’observe dans le bon bœuf ; elle est coriace et n’a point de saveur ; cependant elle n’est pas nuisible à la santé des hommes, elle est seulement moins nourrissante.

Enfin, un caractère particulier à cette maladie, c’est de rendre friables les côtes et même les os des omoplates, au point qu’ils ont de la disposition à tomber en poussière.

Telles sont les véritables lésions que la pommelière entraîne à sa suite. Tous les viscères du bas-ventre Sont sains, et si l’on observe quelquefois des lésions dans la matrice ou dans les ovaires, elles sont consécutives et dépendent des fureurs utérines ou des avortemens que les animaux ont éprouvés, et que l’artiste instruit ne confond pas avec les phénomènes propres à la pommelière.

Cependant, l’intensité de ces altéra-