Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/509

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tions est relative au degré de la maladie.

Les vaches qu’on tueroit dans les premiers périodes n’en présenteroient pas d’aussi avancés. Au surplus, lorsque cette maladie se trouve compliquée par quelque épizootie régnante, elle est extrêmement meurtrière.

Les vaches les plus exposées à cette maladie sont celles que l’on entasse dans des étables basses, dans lesquelles le fumier séjourne pendant cinq à six mois ; pendant que le fumier se façonne de la sorte, il fournit une masse énorme de vapeurs nuisibles.

D’ailleurs, plus l’étable est privée de lumière et hermétiquement fermée, plus les animaux souffrent de la chaleur du lieu et du défaut d’air. En général, ces étables n’ont guères que six pieds, à compter du sol au plancher, et pour peu que la couche de fumier s’épaississe, on doit sentir combien on diminue la masse d’air respirable. Aussi les vaches qui habitent ces lieux ont-elles constamment la respiration courte, et la poitrine toujours dans un état de contrainte et d’oppression.

Les vaches qui sont placées plus près des portes ou des fenêtres se défendent plus long-temps contre la pommelière ; celles qui sont dans le fond de l’étable, dans les coins sur-tout, où l’air ne se renouvelle que très-imparfaitement, sont celles qui y résistent le moins.

Ces deux causes, la chaleur animale et le défaut d’air, relâchent la texture pulmonaire, et diminuent les forces vitales ; ainsi la transpiration est suspendue et la sécrétion du lait se trouve augmentée. L’abondance de ce fluide, plus considérable lorsque les animaux sont tenus plus chaudement, plus à l’abri d’un nouvel air et de la lumière, a engagé les nourrisseurs et les cultivateurs à entretenir soigneusement leurs animaux dans cette température. Ils ont remarqué que toutes les fois qu’ils curoient les étables et qu’ils renouveloient l’air de ces réduits, il y avoit une diminution considérable dans la traite qui suivoit cette opération, et qu’elle ne redevenoit abondante que lorsque l’étable avoit repris sa température chaude : cette augmentation de la quantité de lait est réellement aux dépens de sa qualité. Si l’on compare le ait de vaches ainsi entretenues, avec le lait de celles qui vivent en plein air, et qui paissent en liberté, on verra qu’il n’a point l’odeur aussi agréable ; qu’il a moins de consistance ; qu’une mesure donnée de lait des premières fournit beaucoup moins de beurre que la même mesure du lait des secondes ; le peu de beurre et de fromage qu’il fournit est de mauvaise qualité. Le lait se livrant dans des mesures de capacité, sans qu’on pense à s’assurer de sa qualité, il est naturel que les nourrisseurs prennent ce parti, qui est tout à leur avantage, et dont les consommateurs ne pensent pas à se plaindre[1].

Les nourrisseurs savent bien aussi que cette méthode est destructive des animaux ; mais, que leur importe, pourvu que, dans les profits que donne chaque bête, il se trouve une part qui serve à en acheter une autre pour la remplacer !

D’un autre côté, la méthode de culture qui ne fournit aux animaux que des fourrages de prairies artificielles, que de la paille, peu de foin, point de pâturages, l’intempérie des saisons qui amène la disette d’alimens, toutes ces causes sont souvent bien funestes.

On voit des cultivateurs chez qui toutes les vaches avortent, ou même qui éprouvent une ruine complète par la mortalité de leurs animaux ; (Voyez Avortement)

  1. Le galactomètre ou pèse liqueur appliqué au lait, est le moyen de s’assurer de la qualité de ce liquide.