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carottes exigent moins de binage et de sarclage, et peu de temps après la récolte des grains de mars, les champs sont couverts de fanes des carottes, qui ont poussé à l’abri des plantes qui entretiennent une fraîcheur favorable à leur végétation.

» On se borne à indiquer que la fourche de fer à trois dents est l’instrument le plus commode pour arracher les carottes. Une charrue à petit soc peut être employée à cet usage dans les grandes exploitations, et cette méthode est beaucoup plus expéditive. »

Aussitôt que ce programme a été connu, le président du Sénat conservateur, M. François de Neufchâteau, pour déterminer les fermiers des terres du Sénat ou de la Légion d’honneur à concourir au prix, s’est empressé de publier les résultats des expériences entreprises sur la carotte et le panais. Ces dernières racines peuvent en effet prospérer dans une terre différente du sol favorable aux carottes ; elles sont aussi moins sensibles à la gelée, il est possible de les laisser impunément en terre. Ces deux espèces de racines peuvent s’unir et croître dans le même terrain.

Nous engageons le lecteur à lire l’ouvrage de M. François de Neufchâteau.

Supposons maintenant toutes les difficultés vaincues, il en reste encore une assez majeure pour se flatter que la méthode de cultiver en grand les racines potagères, puisse être généralement adoptée en France ; et en effet, tant que les héritages ne seront point environnés de haies, que nous n’aurons aucune sorte de clôture et qu’un fermier ne pourra pas dire : « Ce champ est à moi, je puis seul y conduire mon troupeau » ; ce sera en vain qu’on cherchera à éclairer les habitans des campagnes sur les avantages incontestables de la culture dont il s’agit.

Nous ne cesserons de le répéter, c’est à la faveur des racines potagères que, dans quelques endroits, on est parvenu à diminuer les jachères, à commencer les défrichemens, et à augmenter par conséquent le produit territorial. Il n’y a donc personne qui ne soit réellement intéressé à l’extension de cette culture, puisque la même étendue de sol nourrira un plus grand nombre d’hommes et de bestiaux ; d’où résultera nécessairement une diminution sensible dans le prix de la viande de boucherie, sans renchérir celui du pain ; cette subsistance augmentera la constitution physique de nos villageoises animaux, mieux nourris, perfectionneront leurs races et seront de plus facile défaite ; ce qui entretiendra dans le pays un commerce d’échange qui répandra par-tout l’aisance, par conséquent la santé et le bonheur.

Machine propre à diviser les racines destinées à la nourriture des animaux. Il est nécessaire que les racines, pour produire tout leur effet, soient déchirées par la dent des bestiaux, et que pendant la mastication, elles s’imprègnent de salive qui, comme on sait, favorise l’acte de la digestion. On a donc profité des recherches que les Allemands ont faites, pour découper les racines promptement et à peu de frais.

De tous les instrumens imaginés pour remplir ces vues, aucun n’a d’abord eu plus de succès que celui que Cretté Palluel avoit fait construire d’après les dessins de Gobert, serrurier. Il présenta ce moulin-couteau à la Société royale d’Agriculture de Paris, qui l’accueillit et le fit graver dans l’un des trimestres de cette compagnie. Depuis ce temps, Gilbert, à la fin de son savant Traité des prairies artificielles, et M. Bourgeois, économe de l’établissement impérial de Rambouillet, en ont fait construire un autre.

On ne peut refuser à cette machine de