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quarante-huit ; et le poids, du chanvre à celui de l’eau, comme quarante-huit est à six cent cinquante.

On peut effectuer plusieurs rouissages à la suite les uns des autres. Il suffit, avant chaque rouissage, de remplacée la quantité d’eau savonneuse absorbée par le précédent, et d’élever la température du bain au degré ci-dessus. On fait servir, de cette manière, la même eau, pendant quinze jours consécutifs.

Lorsqu’on a retiré les bottes de chanvre du routoir, on les couvre d’un paillasson, pour qu’elles refroidissent peu à peu, sans perdre leur humidité.

Le lendemain, on étend sur un plancher les poignées, en repoussant les liens vers le sommet des tiges ; on fait passer dessus, à plusieurs reprises, un rouleau de pierre ou de bois, chargé d’un poids, pour les aplatir, et disposer la masse à se détacher facilement de la chènevotte ; ce qui s’opère au moyen de la broye, le chanvre étant humide ou sec : il se teille parfaitement dans l’un ou l’autre état.

Après avoir lié par le sommet les poignées de filasse du chanvre teillé à l’humide, on les étend sur le gazon, on les retourne ; et, après six à sept jours, on les enlève pour les mettre en magasin.

Il faut également exposer sur le gazon les poignées de chanvre roui et aplati que l’on veut broyer et teiller au sec : cette exposition sur le pré est absolument nécessaire pour blanchir la filasse, et faciliter la séparation de la chènevotte.

Au moyen d’un rouloir portatif, on a pu opérer le rouissage sur différentes quantités de chanvre, varier à volonté la température de la liqueur savonneuse, et observer l’état du chanvre pendant le cours de chaque opération, dont on a prolongé plus ou moins la durée, afin de s’assurer :

1°. Du degré de température que doit avoir la liqueur savonneuse, avant d’y plonger le chanvre ;

2°. Du temps nécessaire pour obtenir un rouissage complet, à une température déterminée ;

3°. De la quantité de savon absolument nécessaire pour un poids donné de chanvre en baguettes, pesé avant l’immersion, etc.

Il résulte d’un très-grand nombre d’expériences faites pendant les mois de nivose, pluviôse et ventôse derniers,

1°. Que l’eau dans laquelle on a fait dissoudre la quantité de savon vert indiquée par M. Bralle, pour un poids déterminé de chanvre, opère le rouissage complètement ;

2°. Que le rouissage est d’autant plus prompt, que la température de la liqueur est plus près du degré d’ébullition, au moment de l’immersion du chanvre dans le routoir ;

3°. Que si l’on conserve le chanvre dans le routoir plus de deux heures, temps indiqué comme suffisant par M. Bralle pour obtenir un rouissage complet, la filasse se sépare également bien de la chènevotte ; mais elle prend une couleur plus foncée, et perd une partie de sa force ;

4°. Que, si l’on plonge le chanvre dans la liqueur savonneuse encore froide, pour les faire chauffer ensemble, le rouissage ne s’opère pas aussi complètement, quel que soit le degré de température que l’on fasse prendre à la liqueur, et quelle que soit la durée de l’immersion ;

5°. Que les bottes de chanvre plongées et retenues verticalement dans le routoir se rouissent d’une manière plus égale, que si on les couche horizontalement. D’ailleurs, cette position rend la manœuvre plus facile.

Cette méthode paroît devoir être préférée aux anciennes, sous plusieurs rapports.

1°. On peut rouir toute l’année, excepté néanmoins pendant les fortes ge-