Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/558

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lées, à cause de la difficulté de faire sécher le chanvre. Cependant, si l’on veut teiller à l’humide, le froid n’est plus un obstacle ; il ne s’agit alors que de prendre les précautions convenables pour que la filasse ne gèle pas pendant qu’elle est humide.

2°. La durée du rouissage, n’étant que de deux heures, présente une économie de temps bien précieuse pour le cultivateur, sur-tout pendant la saison des récoltes.

3°. L’ouvrier n’a rien à craindre pour sa santé : il suffit d’établir un courant d’air, lorsqu’on plonge, et au moment où l’on retire les bottes du routoir ; les poignées en baguettes ou en filasse, exposées ensuite sur le pré, ne répandent aucune mauvaise odeur, et n’altèrent pas la pureté de l’air, quelle que soit la quantité de chanvre que l’on fasse sécher à la fois dans le même lieu.

Tout le monde sait que le chanvre roui à l’eau par l’ancien procédé, lorsqu’on en retire les bottes et qu’on les lave, exhale une odeur infecte qui devient insupportable pendant les chaleurs, et à laquelle on attribue des maladies graves. La vallée du département de la Somme, et beaucoup d’autres où l’on fait rouir du chanvre, en fournissent des preuves trop convaincantes. Les eaux ne peuvent plus servir à abreuver les bestiaux, et souvent les poissons y périssent.

Pour accélérer l’opération du rouissage par le nouveau procédé, dans les pays de grande culture, au lieu du routoir portatif qui a servi aux expériences, on peut employer l’appareil suivant, composé d’une chaudière et de quatre tonneaux en bois servant de routoirs.

Après avoir fait chauffer l’eau savonneuse dans la chaudière jusqu’à ébullition, on la fait couler, en ouvrant un robinet, dans deux de ces routoirs remplis de bottes de chanvres, et fermés par un couvercle. Pendant que le rouissage s’opère dans les deux premiers routoirs, on chauffe la liqueur nécessaire pour la faire couler dans les deux autres, également remplis de bottes de chanvre, et fermés par leurs couvercles.

Au moyen de cet appareil très-simple, on peut rouir par jour, et sans interruption, une très-grande quantité de chanvre.

4°. Les frais du rouissage à l’eau, comparés à ceux que nécessite la méthode de M. Bralle, sont à peu prés les mêmes, quand le rouissage se fait avec le petit routoir ; mais, si l’on fait usage d’une chaudière un peu grande et des routoirs en bois dont on vient de parler, les frais seront diminués de plus moitié.

En effet, les premiers se composent du transport des chanvres à rouir, et des journées employées pour former des espèces de radeaux des bottes de chanvre, pour les faire plonger, en les chargeant de pierres, de gazon, de mottes de terre, de vase même, pour fixer et retenir les radeaux, au moyen de pieux qu’on enfonce ; travail long et d’autant plus pénible, qu’on ne peut opérer l’immersion de dix kilogrammes de chanvre en paille, que par un poids de quinze à vingt kilogrammes, et, qu’après le rôtissage, il faut enlever toute cette masse, retirer les bottes de l’eau et les laver.

Les frais du nouveau procédé consistent principalement dans le prix du dissolvant que l’on emploie, lequel est de huit centimes environ par kilogramme de chanvre en filasse. On y ajouteroit le prix du combustible nécessaire pour chauffer la liqueur, si ce combustible n’étoit fourni par les chènevottes des bottes teillées à l’humide ou en sec.

À égalité de frais, le nouveau procède mérite encore la préférence sur l’ancien, en ce qu’il rend la main-d’œuvre, d’a-