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qui n’étoit ordinairement roui sur les prés, ou dans l’eau, qu’en trente ou quarante jours, sans que la filasse eût perdu de sa qualité et de sa blancheur.

Tels sont les effets qu’on doit attendre de la nouvelle méthode de rouir le chanvre, de M. Bralle, elle est plus expéditive que celles employées jusqu’à présent ; elle opère complètement le rouissage ; on peut s’en servir en toutes saisons ; elle n’altère pas la pureté de l’air ; elle procure, sur une quantité égale de matières, des produits plus abondans ; enfin, elle est bien propre à étendre la culture de la plante à laquelle on l’applique. C’est aux amateurs éclairés de l’agriculture, c’est aux propriétaires instruits, vivant au milieu de leurs domaines qu’ils exploitent sans s’asservir aux règles d’une aveugle routine, à se l’approprier, à s’en assurer les avantages, en répétant, d’après la marche indiquée, les expériences qui en ont constaté le mérite, en faisant même des essais plus en grand que ceux qui ont eu lieu au Conservatoire des arts et métiers. Leur exemple aura des imitateurs ; la méthode de M. Bralle se propagera ; et l’on verra se multiplier les routoirs portatifs, semblables à celui dont M. Molard a fait usage : appareil peu dispendieux, qui exige très-peu d’entretien, et au moyen duquel on pourroit rouir, sur la chènevière même, les chanvres récoltés dans l’étendue d’une ou de plusieurs communes. (I. M.)


ROUSSAILLE, (Pêche,) la même chose que Blanchaille. Voyez ce mot. (S.)


RUTABAGA, NAVET DE SUÈDE ou CHOU-NAVET DE LAPONIE, (Brassica oleracea napo brassica. Variet. Linn.)

Cette plante, née sans doute du mélange des poussières fécondantes du navet et du chou, est une hybride qui participe de l’un et de l’autre. Les feuilles de rutabaga sont mangées par l’homme et les animaux, comme celles des choux, et sa racine a tous les avantages de celle des navets ; mais la plante entière possède en outre plusieurs propriétés qui la placent au rang des végétaux les plus utiles. Son caractère est de jeter souvent plusieurs tiges d’un seul pied, de produire des feuilles beaucoup plus larges et plus nombreuses que le chou-navet ordinaire, et de végéter sans interruption, pendant l’hiver, à une température très-froide, de manière qu’elle offre dans cette saison une nourriture saine et fraiche aux animaux de toutes espèces.

Le chou-navet de Laponie est cultivé depuis long-temps en Suède ; mais Arthur Young est le premier qui en ait fait mention, et qui en ait parlé dans un temps où on le cultivoit déjà en Angleterre. M. Sonnini de Manoncour ayant reçu des semences d’Arthur-Young, en fit l’essai dans sa terre de Lironcourt, située en Lorraine, sur les confins de la Champagne et de la Franche-Comté ; et, après plusieurs années d’un succès très-heureux, il lut, en 1787, un mémoire sur sa culture et ses avantages ; mémoire qui fut imprimé alors ; et, si plusieurs agronomes ont écrit depuis sur cet objet, sans rapporter à ce savant toute la gloire de l’introduction et de la multiplication de cette plante utile en France, et si, même en annonçant avec ardeur le rutabaga dans plusieurs journaux d’agriculture, on a omis de dire que cette plante n’étoit que le chou navet de Laponie, déjà célébré par M. Sonnini, dans un écrit qui a eu une deuxième édition, qui intéresse par la pureté et l’élégance du style, autant que par le sujet qu’il traite, on ne doit pas moins à la vérité de dire que ce naturaliste est le premier auteur français qui en ait écrit. Personne n’a traité cette matière avec un intérêt égal à celui que M. Sonnini a su y répandre, et n’a établi, d’une manière plus positive, les différences qui existent entre les choux-navets communs, le chou de Siam et le chou-navet de Laponie, qu’on a confondus souvent dans les livres et même en pratique, quoiqu’ils présentent des différences faciles à sentir.

Quoiqu’il soit étranger à cet article de dénommer les qualités de ces diverses plantes, qui ont été traitées en leur lieu dans le cours de cet Ouvrage, nous pensons qu’il est utile