Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/568

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sème sur leurs talus du maïs, des haricots, et des pimens.

On fait au pied de la digue un trou, ou réservoir en maçonnerie DD (Voyez la Pl.) d’un mètre carré (trois pieds). Il est destiné à recevoir la terre qui est entraînée par les eaux, et qui pourroit boucher le canal d’écoulement construit sous la digue.

Les dépôts qui s’y forment et qu’on enlève de temps à autre, sont rejetés sur le terrain comme engrais.

Pour placer le canal d’écoulement, on a égard à la pente du terrain, et à la hauteur des sables sous lesquels on doit le faire passer. Sa construction est quelquefois difficile, sur-tout lorsqu’on est obligé de lui faire traverser une masse de sable élevée. On ouvre une tranchée dans laquelle on construit une portion du canal ; on recouvre de sable, et on continue ainsi successivement. Il est fait avec des briques maçonnées, ou le plus souvent avec des tuyaux de terre cuite, du diamètre de deux décimètres (sept ou huit pouces). Les eaux éconduites par ces canaux passent successivement d’un navazo à l’autre sous les différentes digues, et vont se perdre sur le rivage du Guadalquivir. Ces canaux ont indiqués dans la figure par les lettres EE. (Voyez la Pl.) Il est nécessaire de donner une certaine inclinaison aux tuyaux, afin que le courant des eaux ait assez de force pour entraîner le sable qui pourroit s’y arrêter. Si un tuyau vient à se rompre ou à s’obstruer, on forme un ou plusieurs puits, jusqu’à ce qu’on ait rencontré la partie qui exige des réparations. Lorsque la base des fossés se trouve au dessus du niveau du terrain situé entre un navazo et le fleuve, on est obligé de construire en voûte un canal de conduite qui traverse ce terrain, et qui se décharge immédiatement dans le fleuve. Sans cette précaution, le sable boucheroit le conduit, et s’opposeroit à l’écoulement des eaux.

Les eaux, au sortir des navazos, s’écoulent ordinairement sur la plage, et vont se jeter dans le fleuve, ainsi qu’on le voit en FF. (Voyez la Planche.)

On a représenté aux lettres OOO, la coupe de la portion de terrain figurée au bas du dessin. On y voit les éminences de sable, les fossés qui sont situés au pied de ces éminences, et les fossés qui divisent le terrain, et servent à l’assainir.

Après avoir donné au terrain cette première disposition, après avoir terminé un travail long et pénible, il est nécessaire que le cultivateur se livre à d’autres soins et à de nouveaux travaux, afin que la nature ne puisse détruire l’ouvrage de l’art. L’expérience lui a appris que la belle verdure, dont les navazos sont couverts durant toute l’année, disparoîtroit promptement, s’il ne travailloit à arrêter des sables que le vent enlève et répand sans cesse dans la campagne, lorsqu’on n’emploie aucun moyen pour les contenir. Il plante à cet effet, sur la partie la plus élevée de la digue qu’il vient de former, des aloès, des cactus, et il y répand des tiges de melons, de citrouilles, de calebasses, et les différentes plantes qui croissent spontanément sur les lieux. Cette espèce de toit, dont la digue est couverte, empêche que le vent n’ait prise sur les sables durant la première année. Les semences des plantes qui ont été répandues germent et produisent des tiges qui, les années suivantes, fixent le sable et consolident le terrain. Lorsque les effets du vent viennent à se faire sentir sur un point de la digue, on y répand de nouveau des herbes qui contiennent le sable ; et on arrête ainsi les dégradations. Les cultivateurs plantent, en outre, sur les monceaux de sable qu’ils n’ont pu enlever, de la vigne et des arbres, ainsi que je le dirai plus bas.

On distingue deux espèces de navazos ; les uns qui reçoivent des hauteurs voisines une quantité d’eau à laquelle il n’est pas possible de donner de l’écoulement, restent submergés pendant l’hiver ; les autres peuvent être facilement débarrassés des eaux surabondantes qui, dans leur plus grande hauteur, ne parviennent qu’à deux décimètres (sept à huit pouces) au dessous de la superficie du sol. Les premiers sont assez rares. La culture des uns et des autres ne diffère qu’en ce que les navazos humides ne sont susceptibles de recevoir la semence des plantes que dans les mois d’avril, de mai, et même au mois de juin. Les navazos ordi-