Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/569

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naires peuvent être ensemencés pendant tout le cours de l’année, et produire des récoltes d’hiver et d été.

On donne chaque année un labour à fond aux navazos ; c’est-à-dire que l’on remue et que l’on retourne le terrain à la profondeur de cinq à six décimètres, (dix-huit à vingt-deux pouces) qui est celle où l’on trouve l’eau. Pour exécuter ce travail, on commence par l’une des extrémités du champ, en rejetant la terre en arrière avec un large hoyau P, dont je donnerai plus bas la description.

On ne pourroit remuer la terre à cette profondeur, si on se contentoit de donner un seul coup de hoyau. Il est donc nécessaire d’en donner trois dans le même espace, de manière que le sable enlevé du premier coup, soit jeté au fond du fossé ou sillon que l’ouvrier a formé derrière lui. Il achève de le combler par deux autres coups de hoyau : c’est ainsi qu’il remue successivement tout son terrain.

L’ouvrier, en exécutant ce travail, ne cherche pas à égaliser le sol ; il laisse à dessein les mottes telles que le hasard les forme. L’expérience lui a appris que ces sables deviennent le jouet des vents, et sont transportés d’un lieu à l’autre, lorsqu’ils ne trouvent aucun obstacle, et lorsque la superficie du sol est unie et sans aspérité. Les mottes diminuent l’effet du vent, et arrêtent le sable dans sa marche. Le champ reste dans cet état jusqu’à ce que les plantes qu’on a semées aient acquis leur développement, et que la superficie du sol soit couverte de manière à être suffisamment abritée. C’est à cette époque que le cultivateur égalise et affermit son terrain, ainsi que je le dirai plus bas.

On ne peut exécuter un labour aussi profond sans combler les fossés qui servent de division aux carreaux. Le cultivateur est donc forcé de le rétablir. Son champ est alors disposé à recevoir les semences ou les plantes qu’il se propose de lui faire produire.

On a remarqué que la première année du défrichement, le sol est susceptible de produire une bonne récolte de sandies ou melons d’eau, sans même qu’il soit nécessaire de le fumer. C’est aussi la première culture que l’on établit sur ces nouveaux terrains.

Les plantes que l’on cultive communément dans les navazos sont les melons d’eau, plusieurs variétés de citrouilles, des melons, des tomates, des pimens, des fèves, des haricots, des pois, du maïs, de l’orge, des choux, des choux-fleurs, des brocolis, des ognons, de l’ail, des aubergines, des roseaux, etc. On y a introduit depuis trois ou quatre ans la culture des pommes de terre, qui a parfaitement réussi. Les arbres ou arbustes que l’on plante sur les monticules de sable, sont la vigne, le figuier, le mûrier, le prunier, l’abricotier, le pêcher, le coignassier, etc.

Les plantes qui forment la culture d’hiver, et que l’on sème à la fin de l’automne, ou dans le cours de l’hiver, sont les fèves, les pois, les laitues, l’escarole, l’orge, les ognons, les tomates, etc. On plante aussi, pendant l’hiver, des choux, des choux fleurs, des tomates, etc.

Il n’y a enfin aucune plante dont la culture n’ait eu de succès toutes les fois qu’elle a été tentée. No se cria lo que no se pone. On ne récolte que ce que l’on a semé, me disoit un cultivateur, voulant signifier que toutes les cultures réussissoient également.

Les navazos qui ne sont pas trop humides peuvent recevoir, au mois de mars, les semences de diverses espèces de plantes.

On donne à la terre une disposition particulière lorsqu’on la destine aux cultures d’hiver. On rehausse le terrain en ados, afin de procurer aux plantes un abri contre les vents froids, contre les sables, et pour les préserver d’une humidité trop abondante. Ainsi, pour planter des laitues, on divise un carreau en plates-bandes larges de sept mètres (vingt-deux pieds). Voyez la figure G, H, I, etc., qui représente une coupe de terrain disposée d’après ce système, et tracée sur de plus grandes dimensions que les autres parties du dessin.

On forme, sur la longueur de ces plates-bandes, deux ados pyramidaux GG, destinés à recevoir de l’orge, et dans l’intervalle quatre ados bombés HH, etc., sur lesquels