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Pêche de la tanche. Diverses espèces de filets, et les hameçons servent à cette pêche. Les amorces que l’on y emploie avec le plus de fruit, sont les vers et les insectes. (S.)


TAUPE, (Addition à l’art. de Rozier.) Tous les cultivateurs et les jardiniers savent combien les taupes sont funestes à l’agriculture. Cet animal vit sous terre, et détruit toutes les racines qu’il rencontre en parcourant les longues galeries souterraines qu’il se forme à l’aide de son museau et de ses pattes. Il se plaît dans la terre meuble des jardins, où il fait des dégâts considérables en rongeant les racines des plantes potagères ; mais il est encore plus nuisible dans les prairies ; en couvrant leur sol de nombreux monticules que l’on nomme taupinières, il empêche de couper rez terre le foin qu’elles ont produit, et fait perdre une partie des récoltes. D’autres fois il occasionne des inondations, en perçant de mille trous les digues qui avoisinent les rivières auprès desquelles il va chercher la fraîcheur dans les ardeurs de l’été. Tant de dégâts ont fait déclarer à la taupe une guerre d’extermination. Les appâts, les pièges, les machines, le poison, les armes à feu, ont été tour à tour dirigés contre elle ; mais tous ces moyens de destruction ont été insuffisans ou trop coûteux, lorsqu’ils étoient employés par la routine ou dirigés par des hommes ignorant les habitudes et les mœurs de cet animal. Une simple houe, un brin de paille, un petit bâton surmonté d’un étendard de papier, un peu d’eau, et du silence, ont suffi, à M. Aurignac, pour prendre en vie, dans une matinée, toutes les taupes d’un héritage, y fussent-elles au nombre de trente, lorsque vingt années lui ont eu fait connoître l’instinct qui dirige la marche de la taupe dans toutes les saisons de l’année. Ces connoissances pratiques ont été rédigées avec clarté, précision et méthode dans un Mémoire de M. Dralet, dont nous allons donner l’analyse.

Histoire de la taupe. La taupe passe sa vie sous terre ; le grand air l’incommode ; si elle abandonne quelquefois le terrain qu’elle habite pour en chercher un plus commode, c’est pour y rentrer aussitôt. Elle a l’ouïe très-délicate et la vue foible ; elle cherche les terres douces et de bonne qualité où elle trouve les vers, les racines et les insectes dont elle se nourrit ; elle n’habite pas les terrains pierreux ni fangeux ; elle se hâte de fuir de son souterrain lorsque l’eau vient l’y surprendre ; elle habite, pendant l’hiver, les endroits élevés, à l’abri des inondations et d’une trop grande humidité ; au printemps, elle descend dans les prairies et le long des collines ; dans les longues sécheresses, elle se réfugie au bord des fossés, le long des rivières, des ruisseaux, et sous les haies. Les femelles mettent bas, en une portée, quatre à cinq petits chaque année, en février, mars ou avril. Quatre à cinq grosses taupinières rapprochées, placées dans un endroit élevé près d’une haie ou d’un buisson, indiquent le réduit souterrain et couvert d’une voûte solide où elles ont déposé leurs petits. Comme la taupe est obligée de chercher sa nourriture dans les entrailles de la terre, elle y fait de longues routes souterraines que l’on nomme boyaux. Ces boyaux sont parallèles à la surface de la terre, à la profondeur de quatre à six pouces, suivant la saison. Les taupes, craignant également le froid et le chaud, s’enfoncent plus profondément en terre en été et en hiver. Lorsqu’elles se sentent en danger, elles s’enfoncent en terre par un boyau perpendiculaire qu’elles creusent quelquefois à un pied et demi de profondeur. En formant ces boyaux, les taupes rejettent continuellement, à la surface du sol, la terre qu’elles ont détachée : c’est ce qui produit ces monticules connus sous le nom de taupinières ; elles en forment, à chaque reprise, trois, quatre, six et jusqu’à neuf, selon leur âge et leurs forces ; ce genre de travail donne lieu à la communication de tous les boyaux souterrains.

Si l’on ouvre, avec un instrument quelconque, un boyau que la taupe a formé depuis peu, elle vient quelques instans après le réparer, afin de se mettre à couvert du danger et du grand air. Pour y parvenir,