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peu près de la même manière qu’en Angleterre, et on l’y appelle, suivant la disposition de la ligne et de l’hameçon, pêche au grand saut et pêche au petit saut.

Pour attirer un plus grand nombre de truites dans les nasses ou dans les louves, on y place un linge imbibé d’huile de lin, dans laquelle on a mêlé du castoréum et du camphre fondus.

On prend aussi quantité de ces poissons pendant la nuit, à la lueur des feux que l’on promène sur les eaux ou le long des bords.

Dans la saison du frai, les truites se laissent prendre fort aisément, et même à la main.

En Sicile, la pêche de la truite est curieuse et facile : on détourne l’eau des torrens dans une autre partie de leur lit ; celle qu’ils abandonnent reste à sec, à la réserve de quelques petits courans, que l’on appelle des puits ; c’est là que se cachent les truites, et on les y prend avec un filet, qui s’élargit ou se rétrécit à volonté. (S.)


VACCINATION. La découverte des propriétés qu’a la vaccine de préserver de la petite vérole est due à M. Jenner, médecin anglais. Il mit à profit la pratique des habitans de Berkeley, dans le Glocestershire, qui depuis plus de cinquante ans, dit-on, s’exemptent de la petite vérole, en se frottant les mains contre le pis des vaches attaquées d’une maladie nommée en anglais cowpox. On a publié depuis qu’il existe une pratique semblable en Irlande, dans quelques parties du Holstein[1] et de la Lombardie.

C’est en 1795 que le docteur Jenner fit ses expériences vaccinales, qui furent confirmées à Londres par les docteurs Pearson et Woodville.

Le vaccin fut ensuite apporté d’Angleterre à Vienne, à Genève et à Paris.

Un comité central de vaccine, formé à Paris à la fin de l’an 8, a propagé et conservé la vraie vaccine en France. On a d’abord reproduit sur la vache des pustules semblables à celles d’où la matière vaccinale avoit été tirée primitivement.

Des enfans vaccinés par centaine, et enfin par milliers, à Londres et à Paris, dont un grand nombre a été exposé ensuite à la contagion de l’inoculation de la petite vérole, ont fourni la preuve de la qualité préservative attribuée à la vaccine.

Peu à peu la vaccination s’est répandue dans toute la France ; on a établi des correspondances, des hospices, dont la vaccination étoit l’objet unique. Enfin, le comité central de vaccine a publié les résultats obtenus d’après des faits innombrables ; et qui tous démontrent que la vraie vaccine, en préservant l’homme de la petite vérole, est par conséquent un moyen de s’opposer à une des causes principales de mortalité dans l’espèce humaine.

N’était-il pas raisonnable de chercher les moyens d’appliquer cette découverte aux animaux qui font partie de notre richesse, en leur reportant un secours qu’on n’a fait que leur emprunter ?

Nous ne détaillerons point les faits nombreux qui établissent l’efficacité de la vaccine dans l’homme, on les trouve consignés tant dans les écrits d’un grand nombre de vaccinateurs, que dans les rapports unanimes de » sociétés qui en ont fait un objet principal de correspondance. Nous bornant à ce qui est du ressort de notre art, nous allons rapporter un précis des expériences qui ont été faites avec la vaccine, principalement

  1. La vaccine est connue sous le nom de Finnen, dans le Holstein.