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sur les bêtes à laine, par MM. Godine jeune, et Chaumontel, professeurs à l’École vétérinaire d’Alfort, et enfin par M. Voisin, docteur-chirurgien, membre de la Société d’Agriculture de Versailles.

Les expériences de M. Godine ont été faites en l’an 10 et en l’an 11[1] ; celles de M. Voisin et de M. Chaumontel, en l’an 12.

Lieu de l’inoculation. On choisit toujours un endroit du corps où il n’y ait point de laine ; par exemple, les ars tant antérieurs que postérieurs, les parties latérales des mamelles et de la poitrine ; mais comme il est plus difficile de fixer l’animal pour faire l’insertion du virus en ces endroits, on peut préférer un lieu plus à la portée de l’instrument, et où les phénomènes seront plus faciles à observer ; par exemple, à deux pouces au dessus de l’œil et un peu en arrière ; là on tond la laine avec des ciseaux.

Manière de recueillir et de conserver le virus vaccin. On le recueille d’un bouton de vaccine existant soit au pis d’une vache, soit sur le corps de quelque personne. On peut passer avec une aiguille à travers ce bouton, un fil qui s’imprègne de la matière vaccinale ; on le met ensuite dans un tube de verre ou dans une petite fiole que l’on bouche bien. On recueille aussi la matière sur une lancette, et on la dépose sur une pièce de verre contre laquelle on en applique une seconde, de même grandeur ; on colle les deux verres l’un à l’autre par les bords, avec de la cire, et quand on veut pratiquer l’inoculation, on sépare les verres et l’on délaie la matière avec une goutte d’eau tiède. Ces moyens sont mis en usage sur-tout pour conserver quelque temps le vaccin, et pour le transporter à quelque distance. Un autre moyen plus direct, quand les animaux sont dans le même lieu, c’est d’ouvrir le bouton de vaccine et d’insérer la matière sur-le-champ. Ainsi, le virus est plus fort et a une action plus assurée.

Mode d’insertion. On peut l’insérer au mouton et à la vache comme à l’homme, par une simple piqûre de lancette chargée de matière et tenue verticalement, afin que le fluide descende. Mais on est plus sûr de l’opération, en faisant d’abord pénétrer entre l’épiderme et le derme le bout de la lancette non chargée, qu’on enfonce obliquement ; puis on pince la peau par les deux bouts de la petite plaie, ce qui fait que l’incision s’ouvre ; alors on y porte de la matière vaccinale avec la pointe de la lancette. On fait ainsi quatre, six, huit insertions, selon qu’on le juge à propos. On peut encore faire un pli à la peau, inciser à plat l’épiderme avec un bistouri, soulever l’épiderme et appliquer le virus.

Si le vaccin est recueilli sur un fil, on peut faire un pli à la peau, y passer le fil avec une aiguille entre le derme et l’épiderme, et y laisser un petit bout de ce fil ; ou mieux encore, couper une petite portion de ce fil, et la placer dans une petite incision faite avec la lancette ou avec le bistouri.

Traitement du vrai vaccin des bêtes à laine. Le développement de la pustule vaccinale dans les bêtes à laine présente des différences avec celles de l’homme. Dans les bêtes à laine, l’aréole ou la rougeur qui environne la pustule est foible et rayonnée, tandis qu’elle est beaucoup plus foncée dans l’homme ; dans les bêtes à laine, la matière de la pustule est beaucoup moins abondante que dans l’homme, et elle est formée complètement le sixième jour, c’est-à-dire deux jours plus tôt que dans l’espèce humaine. Les, animaux vaccinés éprouvent une légère diminution de la gaîté ainsi que de l’appétit, sur-tout les cinquième et sixième jours.

D’après ces faits, nous pensons, avec M. Voisin, que le temps le plus opportun pour recueillir le virus vaccin du mouton, est le cinquième jour. Cette matière dans l’homme est gommeuse et transparente, tandis qu’elle est purulente dans le mouton. On a cependant vu dans quelques pustules un sommet cristallin.

La pustule vaccinale humaine est aplatie dans toute sa surface, et présente un enfoncement dans son centre ; l’aplatissement n’existe pas dans le mouton, et la dépression y est beaucoup moins sensible.

Le septième jour, le dessèchement de la pustule est déjà bien avancé : la croûte qui se forme ensuite, au lieu d’être brune ou

  1. Voyez les Mémoires de M. Godine jeune, dans le Journal de Vaccine, an 10, et dans les Annales d’Agriculture, an 12