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§ I. Premier temps. Symptômes communs à l’ophthalmie et à la fluxion périodique. L’œil irrité, la conjonctive enflammée, les paupières épaissies, sont des symptômes communs à l’une et à l’autre de ces fluxions ; en sorte que la certitude du jugement à porter sur l’existence de cette maladie, exige très souvent qu’on attende à la seconde période. Cependant, si l’on fait bien attention à la filiation des symptômes qui accompagnent la fluxion périodique, et qu’on les compare avec ceux des autres fluxions, on verra qu’il y a une différence assez frappante.

La fluxion périodique se montre subitement ou peu à peu. Dans le premier cas, toutes les parties environnantes du globe et le globe lui-même, sont enflammés ; la salière est remplie et forme souvent une exubérance au dessus du bord des parois osseuses de cette cavité ; les vaisseaux de la joue, du larmier, du chanfrein, des paupières, sont très-pleins et très gorgés ; la peau qui recouvre toutes ces parties est très-chaude et même douloureuse ; les tarses sont enflés, et leurs glandes, sébacées, ainsi que les canaux hygrophthalmiques, fournissent une très-grande quantité d’humeur qui s’épaissit entre les paupières, entre le globe et ces mêmes paupières, et qui coule avec plus ou moins d’abondance le long du chanfrein ; la conjonctive est d’un rouge noir, épaissie et distendue au point de former quantité de plis, de rides qui sortent entre les bords des paupières ; la partie de cette membrane qui tapisse l’intérieur de la paupière supérieure est plus susceptible de sortir ainsi ; mais la paupière inférieure se renverse plus souvent ; la caroncule lacrymale, la membrane clignotante et le corps glanduleux qui lui sert de base sont plus ou moins gorgés et tuméfiés. Si on ouvre et qu’on écarte toutes ces parties qui défendent et entourent le globe, on voit que la cornée lucide est blanchâtre ; que l’humeur aqueuse est épaisse et diversement colorée ; que l’iris est très-resserré et qu’il est impossible de distinguer le cristallin. Toutes ces parties sont extrêmement sensibles ; l’animal s’oppose à ce qu’on les touche, et il redoute même jusqu’à l’impression des rayons lumineux.

Le pouls répondant à l’œil malade, est plein et dur ; ces symptômes sont presque toujours accompagnés du dégoût et de la tristesse de l’animal.

Ces phénomènes qui se montrent par gradation, se suivent quelquefois rapidement et tout à coup. Cependant, il y a toujours une succession qui souvent est facile à remarquer. Dans cette succession plus lente des symptômes, la conjonctive est la première qui s’enflamme ; les vaisseaux fins et déliés qui rampent dans son épaisseur, et qui, dans l’état naturel, ne contiennent qu’un fluide transparent, sont pleins de sang ; ils sont plus gros, plus prononcés, très-sensibles et très-appercevables, sur-tout sur la partie de cette membrane qui recouvre la cornée opaque et la membrane clignotante ; la liqueur rouge que ces vaisseaux admettent, donne à l’œil, et sur-tout aux humeurs du globe, une teinte de rose clair, en sorte que toutes ces humeurs, encore transparentes, paroissent réfléchir des rayons de feu ; ce degré d’inflammation augmente d’intensité, toutes les parties extérieures du globe s’engorgent peu à peu, les larmes coulent abondamment, elles sortent en gouttes par la fosse nasale répondant à l’œil malade ; leur nitration devenant encore plus considérable, les points lacrymaux étant insuffisans pour leur fournir une issue, elles franchissent l’espèce de digue que leur offrent la caroncule lacrymale et la gouttière des tarses ; elles sortent de l’œil, et coulent le long du chanfrein ; la membrane clignotante augmentant de volume, s’étend sur la cornée lucide ; les paupières devenant plus épaisses, se rapprochent l’une de l’autre.

§. II. Deuxième temps. Trouble de l’humeur aqueuse. L’humeur aqueuse perd de sa transparence à mesure de l’augmentation de ces symptômes ; les larmes retenues sous les paupières s’épaississent au point d’acquérir la consistance d’une gelée qui, mêlée avec l’humeur que fournissent les glandes des tarses, agglutine les paupières, les colle et les fait adhérer, non seulement l’une à l’autre, mais encore à la partie antérieure du globe, et à la membrane clignotante. À cette époque, l’iris est resserré sur lui-même ; l’humeur aqueuse est extrêmement, trouble, les vaisseaux extérieurs très-gorgés et variqueux ; ceux qui se distribuent dans l’iris, dans le globe, la graisse et les muscles, ne le sont pas moins ; toutes ces parties occupent plus d’espace, que dans l’état naturel, puisque la cornée lucide se porte en avant, et que la salière est plus remplie qu’elle ne doit l’être. Ces symptômes, au surplus, sont toujours accompagnés de plus ou moins de fièvre ; de tristesse et d’inappétence.