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Ces métamorphoses s’opèrent dans trois jours, et au plus tard en huit ; tandis que dans le premier cas elles s’effectuent dans six, huit, douze, et au plus tard dans vingt-quatre heures ; et l’on est surpris d’avoir vu, le soir, les yeux dans le meilleur état, et de les trouver le lendemain matin aussi cruellement affectés.

§. III. Troisième temps. Première précipitation de la matière opaque. Cette fluxion, soit qu’elle ait été formée tumultueusement, soit qu’elle ait été établie peu à peu, une fois parvenue à son plus haut degré d’intensité, se dissipe et se résout par gradation. ; les parties environnantes du globe sont les premières qui se détuméfient ; les paupières s’ouvrent à mesure ; la résolution, la détuméfaction s’opèrent ; les larmes reprennent leur cours ordinaire, l’humeur chassieuse est moins abondante ; mais l’œil ouvert, l’humeur aqueuse est encore trouble, et l’iris reste resserré jusqu’à ce que cette humeur ait repris toute sa transparence. La manière dont cette liqueur s’éclaircit est digne d’attention : elle s’effectue par précipitation et ensuite par absorption ; celle qui occupe la partie supérieure de la chambre antérieure, commence à être assez claire pour laisser voir le premier segment de l’iris ; cette transparence gagne de plus en plus d’étendue ; mais à mesure qu’elle fait des progrès de ce genre, la partie de l’humeur qui occupe le bas de la chambre antérieure est plus épaisse et plus trouble. Cet épaississement et cette opacité sont à leur plus haut degré, lorsque la transparence de l’humeur aqueuse permet de découvrir la prunelle, qui est encore néanmoins très-resserrée.

§. IV. Quatrième temps. Nouveau trouble de l’humeur aqueuse. À cette époque, il s’établit un second mouvement, la matière opaque commence par souiller de nouveau la totalité de l’humeur aqueuse.

§. V. Cinquième temps. Seconde précipitation de l’humeur opaque Ce n’est que lorsqu’elle est ainsi généralement répandue, qu’elle se dissipe. La partie opaque se précipite au bas de l’humeur aqueuse, puis elle est absorbée très promptement. Cette résorption paroît précédée d’une commotion fébrile dans l’œil même. À mesure que cette absorption s’opère, on voit renaître le mouvement de l’iris, la prunelle s’ouvre dans l’obscurité, et se resserre au grand jours ces deux mouvemens deviennent sensibles, d’autant plus que la résolution est plus complète.

La maladie parcourt toutes ses périodes en quatre ou cinq jours, et en général plus l’orgasme a été violent, plus l’œil est de temps à se rétablir.

§. VI. Effets des accès. L’humeur aqueuse ayant acquis toute sa transparence, et les mouvemens de l’iris jouissant de toute leur étendue, on voit que le cristallin est intact ; mais si les mouvemens sont altérés, la transparence du corps lenticulaire dont il s’agit le sera aussi, et l’altération de ce corps sera toujours en raison directe du défaut de mouvement de la pupille.

Les effets de cette fluxion sont d’altérer toujours, plus ou moins, l’œil ou les yeux qui ont été affectés. On observe que, lorsqu’elle s’effectue sur les deux yeux à la fois, elle a moins d’intensité et moins de durée que lorsqu’elle n’affecte qu’un œil. Il est, au surplus, très-rare qu’elle affecte les deux yeux en même temps ; il est plus ordinaire de la voir se renouveler sur celui où elle s’est montrée une fois, et de continuer ses ravages sur le même œil, jusqu’à son entière et absolue désorganisation.

§. VII. La fluxion se manifeste quelquefois tous les quinze jours, d’autres fois toutes les trois semaines, plus fréquemment tous les trente à quarante jours, plus rarement tous les deux ou trois mois. Ou lui a même observé des intermissions de six, huit, dix, onze mois, et même d’un an. Plus ces mêmes périodes sont éloignées les unes des autres, moins elles sont fâcheuses. La variété de ces intervalles, dans l’universalité des chevaux, s’observe encore dans les individus particuliers ; en sorte qu’il est bien rare qu’ils tiennent une marche constante et invariable. Au reste, plus les paroxysmes sont subits, plus ils ont d’intensité et de durée ; et les désordres qu’ils opèrent sur l’organe affecté, sont en raison directe de la vivacité de leur invasion, et du rapprochement de leur redoublement

Telle est la marche des fluxions périodiques qui affectent les yeux des chevaux, soit qu’on les abandonne à la nature, soit qu’on entreprenne d’en retarder les progrès.

Passons maintenant à la recherche des causes de cette maladie, qui sont assez difficiles à saisir.


CHAPITRE II.

Causes. Nous les distinguerons en causes prédisposantes et en causes occasionelles.

Causes prédisposantes. Nous mettons au nombre des causes prédisposantes le sevrage