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n’excite l’action des organes digestifs ; de là une nouvelle cause de l’embarras du bas-ventre.

Gourmes imparfaites. Cette crise, quand elle est complète, exempte d’une infinité de maladies ; mais elle ne s’effectue bien ordinairement qu’à l’âge de trois ans et demi ou quatre ans. Le changement de nourriture et la transplantation des chevaux en hâte l’éruption, et l’évacuation en est le plus souvent supprimée par les pluies, l’air froid, et les intempéries que les animaux éprouvent pendant une route un peu considérable, par les saignées et plusieurs autres moyens barbares que l’on met en usage pour supprimer le flux, dans la crainte que les animaux ne dépérissent, soit que les conducteurs aient dessein de les vendre, soit qu’ils les emmènent pour remonter des régimens, des équipages, etc. La morve n’a le plus souvent pas d’autres causes, et on la voit presque toujours commencer, dans les régimens, par les chevaux de remonte, lorsque cette crise n’a pas lieu suivant le but de la nature.

Coups de sang à la tête. Les causes qui déterminent une affluence prompte et subite du sang à la tête, capable de subjuguer les vaisseaux du globe, sont en très-grand nombre ; nous ne rapporterons ici que celles qui nous ont paru donner le plus souvent lieu à la maladie qui nous occupe. Ces causes sont des impressions trop fortes des rayons du soleil sur le crâne et sur le front ; des saignées pratiquées dans l’intention de remédier à des indigestions ; l’omission de ces mêmes saignées, lors des pléthores sanguines produites par des chaleurs du printemps, et par les herbes nouvelles dont les animaux se nourrissent à cette époque, ainsi que par ces mêmes plantes qui repoussent à la fin du mois d’août, et qui ne sont pas moins dangereuses que les premières.


CHAPITRE IV.

Causes occasionnelles. Les causes occasionnelles, inhérentes au cheval, dépendent du développement des os de la tête. Cette partie est beaucoup plus long-temps à se former que dans les autres animaux.

Nous allons rapporter ici les observations de feu M. Flandrin.

Dentition laborieuse dans le cheval. «L a dentition dans le cheval est un acte de son organisation, qui dure autant que la vie, et qui produit des changemens très-grands et très-remarquables dans la partie où il s’exécute.

« Le poulain naît avec trois dents molaires à chaque côté de mâchoire. À partir de cette époque jusqu’à celle de cinq a six mois, il lui sort douze dents au devant de la bouche ; et jusqu’à celle de deux ans et demi, trois ans, il sort successivement trois molaires de chaque côté de mâchoire en arrière des premières avec lesquelles l’animal est né.

» À trois ans, trois ans et demi, las crochets commencent à sortir ; c’est aussi dès ce moment, et même dès deux ans et demi, que les dents avec lesquelles l’animal est né, ainsi que celles sorties jusqu’à ce moment (les pinces) commencent à se renouveler.

» Chacun sait que le remplacement de ces dernières s’opère successivement des pinces aux coins ; qu’il a lieu à un an d’intervalle entre chaque paire de dents : que, par conséquent, le cheval a toutes ses nouvelles dents incisives à cinq ans.

» Les trois premières molaires tombent et sont remplacées dans le même ordre ; elles devancent seulement de quelques mois celles auxquelles je les compare, en sorte qu’à quatre ans et demi, cinq ans, elles sont constamment toutes renouvelées. Ainsi les plus antérieures tombent les premières et avec les pinces, les suivantes avec les mitoyennes, et les troisièmes avec les coins.

» Par cet exposé, on voit que de deux ans et demi à cinq ans, il tombe vingt-quatre dents qui sont remplacées par vingt-quatre autres.

» Pendant cette période de deux ans et demi, les quatre crochets sortent et se développent en plus grande partie ; et les douze molaires postérieures achèvent de sortir au point nécessaire pour servir à la mastication.

» Ces opérations ne peuvent pas s’exécuter sans qu’il se fasse des changemens considérables dans les os qui logent et fixent ces parties.

» À la naissance du poulain, on ne voit aucune place de préparée pour recevoir les douze molaires postérieures. Cette place s’établit à mesure que les dents se forment ; ainsi les mâchoires croissent en longueur à mesure, et en proportion de cette formation, et en raison de la force que doivent avoir ces dents.

» Les dents dont il s’agit ne se renouvellent