Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/72

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point ; elles sont très-longues, très-larges, très-épaisses ; elles exigent donc des os qui les reçoivent, une expansion très-étendue en tous sens.

» Les dents qui doivent remplacer celles qui tombent, se forment au delà de celles auxquelles elles succèdent. Avant d’agir sur celles-ci pour les chasser, et d’avoir l’avantage nécessaire pour le faire avec succès, il faut qu’elles aient acquis un volume considérable ; et, si elles n’ont pas besoin d’avoir pour cela toutes leurs dimensions en longueur, il faut du moins qu’elles les aient en largeur et en épaisseur ; il faut donc que les os qui les renferment se dilatent pour suffire à tous ces effets, et que les dents de lait et la partie formée de celles qui vont les remplacer, soient logées en même temps.

» Il se fait effectivement une expansion très-grande ; la mâchoire postérieure acquiert une largeur plus grande de l’avant à l’arrière. La mâchoire supérieure offre une protubérance remarquable dans l’épine zygomatique. Cette protubérance est produite par l’extrémité de la racine des dents, et telle est l’action vitale en cet endroit, que la table extérieure de l’os est quelquefois détruite. En mesurant l’espace qui est depuis cette élévation jusqu’à la table de la dent, on juge de la longueur qui résulte des deux dents placées à la suite l’une de l’autre, et cette longueur est de plus de trois pouces dans un cheval au dessous de cinq pieds.

» À cette dilatation étonnante des mâchoires succède leur réduction ; elle a lieu lorsque les dents de lait tombent étant poussées par celles qui les suivent, et à mesure que celles-ci sortent.

» Dans le cheval et les autres solipèdes, les molaires sont proportionnellement plus grosses que dans toutes les autres espèces d’animaux.

» Cela posé, l’usure de ces dents ayant lieu par l’effet du frottement qu’elles éprouvent lors de la mastication, il faut, pour qu’elles conservent toujours la même hauteur hors des mâchoires, qu’elles sortent successivement de ces mâchoires à mesure qu’elles s’usent, et c’est aussi ce qui a lieu ; d’où il résulte que, dans l’extrême vieillesse, toutes les dents, mais surtout les molaires, sont totalement usées. Il ne reste de ces dernières que le bout des racines doubles, triples, quadruples. Souvent aussi ces racines tombent, et la gencive fait alors très-imparfaitement la fonction de molaire.

« À mesure que les molaires sortent, la tubérosité de la mâchoire inférieure perd de son épaisseur. La supérieure perd la protubérance dont nous avons parlé ; mais elle ne diminue pas autant que la précédente, et l’une et l’autre ne perdent pas de leur étendue en proportion du vide qui se fait en elles par la sortie de la dent. Au surplus, les alvéoles disparaissent avec les dents, et il se forme de nouvelles parties qui les remplacent.

» Dans la mâchoire supérieure, les sinus sont ces parties ; ils ont peu d’étendue à l’époque de la naissance, et ils en acquièrent beaucoup pendant le développement du sujet : c’est ce dont on peut même juger pendant la vie, par l’espace qu’il y a d’une épine zygomatique à l’autre, dans la partie supérieure de cette épine. Cette largeur naît dans la partie de la mâchoire qui se développe avec les secondes molaires ; et, à mesure que ces molaires s’étendent, les parois des sinus dans lesquels elles sont logées s’écartent.

» L’espace des maxillaires, vers la partie inférieure des épines zygomatiques qui répond aux dents molaires avec lesquelles l’animal est né, ne se développe pas ainsi. Il n’y a aucune cavité dans les premiers temps de la vie, et pendant que les dents molaires qui doivent succéder à celles de naissance, croissent et se perfectionnent, il est seulement dilaté par ces secondes dents, et tout le volume où il parvient, et que nous avons indiqué, est l’effet de cette dilatation.

«Ces secondes dents, substituées aux molaires de lait, ayant acquis leur parfait accroissement, sortent, ainsi que nous l’avons dit, à mesure que leur table s’use. La protubérance qu’elles formoient supérieurement disparoit ; la table extérieure devient moins saillante en cet endroit. Le premier changement opéré, et la dent diminuant toujours de longueur, l’alvéole l’accompagne, et l’espace qu’occupoient l’une et l’autre, est remplacé par une cavité qui s’agrandit à mesure que cet espace diminue. De cette cavité résulte un sinus qui répond au cornet inférieur, sinus qui, dans les jeunes sujets, n’est que l’extrémité supérieure de ce cornet.

» Ce sinus est séparé du grand sinus par une cloison osseuse. Il est formé dans la portion du maxillaire qu’occupoient les trois molaires inférieures, et leurs alvéoles.

» En même temps que le sinus dont il s’agit