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à 10 francs la corde, et au dessous, on ne trouvera pas d’avantage à planter des arbres ; et si on s’y détermine, on ne plantera que dans les fonds les meilleurs, et les essences de bois susceptibles de produire à leur maturité les marchandises les plus chères.

Lorsque le bois de chauffage est à 20 fr. la corde et au-dessus, dans une localité, on peut y planter toutes les bonnes essences de bois, mais avec des avantages relatifs aux prix des marchandises que l’on pourra en retirer.

Ainsi, avant de planter, on consultera les besoins des lieux où les bois devront se consommer, afin de pouvoir choisir avec connoissance de cause les essences les plus avantageuses, et on les plantera ensuite dans les terrains qui leur conviennent.

Mais ces préceptes ne suffisent pas encore aux propriétaires pour les guider dans leurs plantations ; il faut aussi qu’ils connoissent l’art de bien planter, de dresser la tige des arbres, et d’entretenir les plantations ; car s’ils sont obligés de s’en rapporter à des étrangers pour diriger et surveiller leurs plantations, ils doivent s’attendre à être trompés et sur la qualité des arbres, et sur les frais de plantation, et sur les précautions à prendre pour en assurer le succès.

Nous allons donc parcourir avec eux les différens rameaux de cette partie intéressante de l’agriculture.

Section Première. Des pépinières. Tout propriétaire qui veut planter avec succès et économie doit d’abord se procurer une pépinière en semis[1], afin d’en obtenir des plants enracinés, et ensuite une pépinière en plants de haute tige. Les arbres déjà acclimatés dans les pépinières reprendront beaucoup mieux à leur transplantation définitive, que s’ils étoient tirés de pépinières éloignées, et ils coûteront beaucoup moins.

On doit proportionner l’étendue de ces pépinières sur celle des besoins.

Si le terrain qu’on y destine est bon, une perche de vingt-deux pieds de superficie, semée en graines espacées 4 à quatre pouces, contiendra quatre mille trois cents plants. Les mêmes graines, étant espacées à cinq pouces dans un terrain de qualité inférieure, la même perche en superficie ne contiendra plus que deux mille huit cents plants.

Dans les pépinières de plants de haute tige, on espacera les plants enracinés, que l’on tirera de la pépinière en semis, à deux pieds sur chaque rangée, et on tracera les rangées à deux pieds six pouces les unes des autres. Alors chaque perche de terrain contiendra quatre-vingt-seize à cent plants.

Ainsi, si l’on veut planter annuellement trois cents arbres de haute tige, on se procurera d’abord une pépinière de cette espèce, de quatre perches de superficie, et on l’augmentera annuellement de deux ou trois perches.

Par cet arrangement ou se procurera, tous les ans et de la manière la plus économique, la quantité de sujets dont on à besoin.

Il faut observer que, lorsque le terrain premier planté sera épuisé de sujets, on pourra le remettre en pépinière de la même espèce, mais seulement après trois ans d’une autre culture. Après son défrichement, il rapportera abondamment, et sans engrais, toutes les plantes qu’on voudra lui confier.

§. 1. Terrains propres aux pépinières. Nous ne dirons pas, comme la plupart des auteurs qui ont écrit sur les planta-

  1. Cette première pépinière devient inutile, si l’on-est à la proximité de bois capables de fournir la quantité de plants enracinés nécessaire à la formation de la pépinière en plants de haute tige.