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deux pieds de profondeur. On séparera les terres qui en proviendront : on placera d’un côté les terres supérieures, et d’un autre les terres inférieures. On labourera le fond des trous, d’un bon fer de bêche.

Avant de planter, on jettera, dans le fond de chaque trou, les terres supérieures qu’on a séparées à cet effet ; on les mélangera même avec des gazons, si on peut s’en procurer facilement. Les autres terres serviront à remplir les trous après la plantation.

On rabattra les branches de l’arbre avant de le planter. On en rapprochera les nœuds proprement, et le plus près possible de la tige. On coupera ensuite cette tige en biseau, et bien nettement, à sept pieds six pouces de hauteur, afin que l’arbre étant planté, les bestiaux ne puissent pas atteindre aux branches dont sa tête se chargera.

Des auteurs très-estimables conseillent de ne point couper les têtes des arbres en les tram plantant ; mais cette manière de planter est très-dispendieuse, et exige d’ailleurs beaucoup trop de soins pour pouvoir être employée dans les plantations simplement utiles ; nous ne pourrons donc l’adopter que dans les plantations d’agrément.

Enfin, après avoir préparé les racines de l’arbre, on le placera sur un lit de terre meuble qu’on a disposé dans le trou ; savoir : à trois ou quatre pouces de profondeur, dans les terrains humides ; à cinq et six pouces, dans les terrains plus sains ; et à sept et huit pouces, dans les terrains les plus légers. On les plantera d’ailleurs avec toutes les précautions indiquées dans Rozier.

Cet arbre étant ainsi planté, on l’armera d’épines que l’on serrera fortement contre la tige avec deux ou trois liens, et on le buttera, afin de le préserver du frottement des bestiaux, et de le garantir de la sécheresse et des secousses des grands vents.

Dans quelques localités, on arme les arbres avec de la paille tordue. Cette armure est préférable à la première. Elle dure plus long-temps ; mais elle est plus dispendieuse, et les pâtres la dégradent plus facilement.

Les deux premières années de la plantation des arbres isolés, on leur donnera trois façons. La troisième année n’en exigera plus que deux ; et la quatrième, on ne cultivera que les arbres les plus foibles.

Dans les plantations faites dans des terrains légers, il faut avoir l’attention d’attirer les eaux au pied des arbres ; et dans les terrain humides, il faudra les en éloigner : le buttage remplira cette dernière condition.

D’ailleurs, il ne faut jamais planter ni par la gelée, ni par la pluie.

§. II. Espacement que l’on doit adopter dans la plantation des arbres isolés. L’espacement qu’il faut donner à ces arbres dépend, 1°. de la qualité du sol dans lequel on les plante, 2°. de l’essence de ces arbres.

Si le terrain à planter n’a pas une grande profondeur, et qu’on veuille y planter des chênes ou des hêtres, il faut les espacer de vingt à vingt-cinq pieds.

Si ce terrain étoit d’ailleurs propre à la culture du frêne, ou des meilleures espèces de bois blanc, on pourra y espacer les chênes de vingt-cinq à trente pieds, et planter entre chacun un frêne, ou un arbre de bois blanc. Ces derniers auront acquis leur maturité, avant que les chênes ou les hêtres puissent avoir besoin de toute la place occupée par les arbres intermédiaires.

Si on veut planter des ormes sur ce terrain, on ne pourra planter aucun arbre intermédiaire, ou les espacera de seize à vingt pieds. Il faut cependant excepter le saule de cette disposition, lors-