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droits les moins dommageables, et dans la direction de l’alignement des bornes, préviendront toutes les difficultés qui pourroient s’élever sur ces limites.

Section II. Travaux à faire pour faciliter les débouchés des forêts. Rien n’est à négliger dans l’administration d’une certaine quantité de bois ; et, si par des travaux particuliers on parvient à augmenter la valeur de leur feuille dans une proportion avantageuse, en ayant égard à la dépense qu’ils auront occasionnée, il est clair qu’une bonne administration doit les entreprendre.

Le bois de chauffage n’a pas la même valeur dans les différentes localités de la France, et c’est son prix plus ou moins élevé qui donne à la feuille de leurs bois une valeur plus ou moins grande.

D’un autre côté, le prix du bois de chauffage n’est le plus bas que dans les localités où les bois sont en grandes masses, et qui sont privées de débouchés faciles et avantageux ; en sorte qu’en procurant aux bois de ces localités les débouchés qui leur manquent, on augmentera leur valeur.

Pour donner un exemple de l’augmentation que de semblables travaux peuvent procurer au prix du bois, nous citerons qu’il y a environ quarante ans, mon père fit ouvrir, dans la Brie, un ruisseau flottable d’environ quatre lieues de cours. Les travaux lui occasionnèrent une dépense de six mille francs, et, aussitôt qu’ils furent confectionnés, les bois sur pied y doublèrent de prix.

Cet exemple n’est pas le seul que nous pourrions donner ; et si nous faisions histoire de l’augmentation que les ruisseaux flottables, les rivières rendues navigables, et même les grandes routes, ont procurée au revenu des bois qu’ils traversent, nous verrions que cette augmentation a été d’autant plus considérable et plus avantageuse, que les bois se trouvoient moins éloignés des lieux de grande consommation. D’ailleurs, les travaux ne sont pas dispendieux eu égard aux avantages qu’ils procurent, mais ils doivent être proportionnés à ces avantages.

Ainsi, si une forêt de moyenne étendue est située dans une localité privée de débouchés ; en ouvrant à travers une route ferrée, dirigée sur la rivière navigable ou flottable la plus prochaine, ou sur une grande route conduisant à une ville très-peuplée, on pourra y faire quelquefois doubler le revenu de cette forêt, et donner alors à ses propriétaires un grand intérêt à sa restauration.

Quelquefois, pour produire le même effet, il suffira de ferrer les plus mauvais pas des chemins de vidange, et d’établir des pontceaux par-tout où ils seront nécessaires. Si les bois sont en plus grandes masses, ces simples travaux ne seroient plus suffisans pour augmenter leurs revenus autant qu’il seroit possible, et il faut en entreprendre de plus étendus.

Ils consisteront à ouvrir des ruisseaux flottables, à bois perdus ou en trains, suivant l’importance de ces bois et la quantité d’eau qu’on pourra réunir, et y multiplier leurs embranchemens autant qu’il sera nécessaire ; à rendre navigables les rivières qui en seront susceptibles, et à prolonger la navigation de celles qui sont déjà navigables dans une partie de leur cours, lorsqu’elles s’approchent de forêts de grande étendue.

Ces différens travaux peuvent être exécutés avec la plus grande économie, et les modèles en existent encore en France. Les ruisseaux flottables de la forêt de Villers-Cotterets, la navigation du Gros-Morin qui se jette dans la Marne à Condé, près Meaux ; etc., sont des exemples de ces travaux économiques.

Ils produiront encore, dans les bois qu’ils traverseront, une amélioration dont nous n’avons pas encore parlé. En réunissant les eaux de toutes les parties humides d’une forêt, on les desséchera ; et