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litante des corps atmosphériques encore froids dans la saison du printemps, surtout pour les plantes exotiques, comme les diverses variétés de vignes.

J’en ai dit assez pour faire sentir que ces diverses opérations, appliquées à quelque végétale que ce soit, hâteront et sa floraison et la maturité de ses fruits. Ainsi on peut l’employer sur les cerisiers, les pommiers, les poiriers, etc. Je les ai pratiquées avec succès sur le coignassier.

Ce n’est pas assez d’avoir établi l’importance de la maturité artificielle des fruits, et d’avoir indiqué les divers procédés mis en usage parmi les Grecs et les Romains, et renouvelés de nos jours pour augmenter nos richesses géoponiques. Dans l’état actuel de la physique animée, on doit chercher à approfondir les causes de cette précocité artificielle, en examinant les phénomènes que présentent ces mutilations végétales qui ont successivement occupé les Bonnet, les Buffon et plusieurs autres naturalistes.

La ligature, l’incision, la torsion, la perforation, faites dans une tige. On remarque que toutes les parties de la plante, qui sont au dessus de l’une de ces opérations, croissent avec une plus grande force, et que les rameaux, les tiges, les feuilles, les fleurs et les fruits se développent plus rapidement et sont plus nourris ; tandis que toutes les parties de la même plante non opérées restent dans l’ordre naturel, et que celles qui se trouvent comprises sous l’incision languissent et ne prennent aucun accroissement, d’où on doit conclure qu’un fluide descendant a été arrêté dans son cours, et que refoulé dans ses propres vaisseaux, il a été employé à l’accroissement de la partie supérieure de l’incision : ce n’est que lorsque ces plaies sont oblitérées par le développement successif du réseau vasculaire par le bord supérieur, que l’équilibre vital se rétablit dans toutes les parties de la plante, d’où il est évident que la maturité accélérée dans les fruits, et leur augmentation de volume, sont dues à une augmentation de vitalité dans les branches qui les portent, et la même déduction doit se faire de la non coulure des vignes soumises aux mêmes expériences. C’est sur ces faits que repose l’opinion que j’ai émise que la maladie connue en pathologie végétale, sous le nom de coulure, Sterilitas à pluviâ copiosâ tempore florescentiæ Pl., avoit pour cause une débilité particulière des organes de la fructification : la pratique des anciens, pour guérir cette maladie, ajoute un degré de force à mon sentiment. Les auteurs géoponiques anciens conseillent d’échauffer le pied des vignes stériles avec de la cendre, de l’eau salée, ou de mutiler leurs rameaux. Ipsæ etiam vites cinere liquido facto respergendæ sunt. Quidam vero marinam aquam radicibus affundunt. Alii racemorum summa partes auferre et mutilare studio habent, etc. Cap. XXXIX (de Vitibus defluis livre des Géoponiques, (Γεωπονικά) sive de re rusticâ græcorum.)

Voilà donc en peu de mots les procédés des anciens pour empêcher la vigne de couler, soit en stimulant la plante entière par des arrosemens de matières salines, soit en détournant au profit d’une seule partie de la plante les sucs nourriciers destinés à nourrir la plante entière. Si ce traitement ne suffisoit pas pour prouver que cette maladie provient d’un état de débilité, il suffiroit pour s’en convaincre de lire la description suivante que donne Démocrite, des vignes qui sont sujettes à couler : Vites defluas ex foliis dignosces subalbidis et subarefactis ; sed et sarmentum latum et instar lori ac molle habent. Medeberis igitur, etc. etc. »

Il conviendroit peut-être que nous ne sortissions pas de ce sujet sans examiner et discuter les opinions tant de fois émises, combattues, et reproduites, sur les