II. —[1]Ce père nous racontait encore au sujet du bienheureux Pélage d’Édesse, qu’il menait une vie parfaite. Il était moine et prophète ; et lorsqu’il eut entendu les blasphèmes d’Ibas[2], évêque d’Édesse, et qu’il l’eut repris ouvertement, il eut beaucoup à souffrir de sa part ; se trouvant persécuté, il vint dans une certaine localité de Palestine et y demeura en paix du vivant de Juvénal[3], avant le concile (de Chalcédoine) et la prévarication de la foi. De cette manière la grâce habita en lui ; il fut rempli de l’esprit de prophétie et il mérita d’avoir de fréquentes visions. Il allait très souvent visiter l’abba Pierre qui était alors en paix dans la laure[4] de Maïouma[5] de Gaza : (ces saints) avaient, en effet, une grande affection l’un pour l’autre ; dans une de ces rencontres, comme Pélage se promenait avec (notre) père dans les endroits sableux de la laure et qu’il avait avec lui une discussion sur les pensées et les perfections qui sont en Dieu, il disait, sept années avant le concile[6], qu’il avait été ravi (en extase) et qu’il avait vu la prévarication qui devait
- ↑ D ajoute : « En cette année (755 = 444) prophétisait Pélagius, prêtre d’Édesse, qui fut chassé par Ibas parce qu’il le reprenait à cause de ses erreurs dans la foi. »
- ↑ Évêque d’Édesse en 438 ; condamné par Dioscore, et justifié à Chalcédoine en 451.
- ↑ Évêque de Jérusalem de 422 (?) à 458, soutint saint Cyrille, puis Dioscore à Éphèse ; abandonna Dioscore à Chalcédoine.
- ↑ ܠܘܪܐ laura (Patr. or., II, 97) est devenu ܠܒܪܐ et ܠܐܒܪܐ par permutation du v en b. Λάϐρα (pour λαύρα) se trouve aussi en grec. Cf. Montfaucon, Bibl. Coisliniana, Paris, 1715, p. 186.
- ↑ Maïouma était le port de Gaza.
- ↑ C’est-à-dire en 444. À cette époque, d’après ce passage, Pierre aurait été à Maïouma. Il avait alors trente-six ans. — Concile est toujours exprimé par σύνοδος.