Page:Rugendas - Voyage pittoresque dans le Brésil, fascicule 1, trad Golbéry, 1827.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 4 )

provinces de la côte, se trouve presque au milieu de la première, destinée à être exclusivement la province de l’or. À certains égards on en peut dire autant de San-Paulo, et en général les divergences qui dans l’intérieur existent entre les limites naturelles et politiques, sont le résultat des expéditions des habitans de cette province, pour conquérir des esclaves et de l’or : d’ailleurs de ce côté la plupart des montagnes sont peu élevées.

La conformation générale du pays exerce une double influence sur son aspect pittoresque. D’abord, à raison de la hauteur, de la coupe des montagnes, de leur nombre et de leur disposition envers la plaine ; en second lieu, au moyen du climat et de la végétation. Les parties les plus élevées du Brésil ne sont pas celles où il y a le plus de montagnes, mais celles où il y a le plus de collines. À ne considérer les choses que sous le point de vue pittoresque, on serait fondé à dire que les Andes sont les véritables montagnes du Brésil, et cela serait vrai aussi en géographie et en géologie, mais elles sont entièrement en dehors de notre horizon et des limites politiques de cet empire. Si par la pensée nous rapprochions des Andes les montagnes de la côte et de la chaîne intérieure, celles-ci en seraient comme les glacis avancés : mais ce qui imprime au Brésil un caractère si singulier, c’est précisément l’immense intervalle qui divise ses Alpes, c’est-à-dire les Andes, de leurs lignes antérieures de la côte. Cet intervalle énorme, qui comprend la plus grande partie du Brésil, les Amazones, le Paraguay, Parana, San-Francisco, est moins une plaine élevée qu’un amas sans fin, une suite confuse de collines. La plupart égalent en hauteur les premières chaînes de montagnes ; elles ont de trois à quatre mille pieds. C’est du sein de cette mer que sortent à l’ouest les chaînes qui, d’abord peu sensibles, s’élèvent par degrés et forment de ce côté la frontière de l’empire : ce n’est qu’en approchant de la côte qu’elles prennent une attitude plus prononcée, non que, comparée au niveau de la mer, leur hauteur gagne beaucoup, mais des deux côtés les collines s’abaissent de plus en plus, eu égard à ce même terme de comparaison, sans que leur hauteur relative en soit dérangée. Cet abaissement progressif détermine le cours des rivières, et probablement aussi c’est ce cours qui a déterminé la disposition des collines. Un coup d’œil sur la carte et sur la direction des fleuves suffit pour nous faire apercevoir cette pente dans la région des Amazones ; elle s’incline vers le nord, au septentrion et à l’est de la chaîne que nous avons qualifiée d’intérieure ; et de l’autre côté elle descend insensiblement vers le sud jusqu’à la mer ; tandis que du côté de l’est, les Alpes antérieures, qui bornent ces régions et San-Francisco, sont assez près du littoral, et s’élèvent brusquement du sol.