Aller au contenu

Page:Rugendas - Voyage pittoresque dans le Brésil, fascicule 16, trad Golbéry, 1827.djvu/4

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 46 )

tions que deux ou trois hommes s’abandonnent aux vagues, qui trés-souvent les dérobent aux regards du spectateur étonné.

Les idées qui pendant le dix-huitième et le dix-neuvième siècle régnaient en Europe, ont peut-être trouvé plus d’accueil à Pernambuco que dans les autres ville du Brésil ; mais ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’au Brésil, notamment dans les provinces du nord, ces idées n’ont point, ou presque point diminué l’influence du clergé sur le peuple. Il est même beaucoup de rapports sous lesquels le clergé semble s’être placé à la tête de ce mouvement intellectuel. Le voyageur qui voit avec quelle splendeur se célèbrent les fêtes religieuses à Bahia et Pernambuco, se persuaderait difficilement que la civilisation actuelle a été le résultat des idées et des principes qui dans l’Europe ont combattu sans cesse l’Église catholique, comme leur principal adversaire.

Avant de prendre congé de Pernambuco et du Brésil, qu’il nous soit permis de reporter nos regards sur l’histoire de cette province. Les commencemens de Pernambuco ne présentent rien de bien remarquable. Nous ne les rappellerons que sommairement. En 1534, Duarte Coelho Pereira, qui, d’après le système colonial de l’époque, avait été investi de cette partie de la côte, fonda la ville d’Olinda. Les faits qui signalent le premier siècle de l’existence de Pernambuco sont, d’abord l’accroissement progressif de cette colonie à la faveur de l’agriculture et du commerce ; puis, les négociations ouvertes avec les Cahètes et d’autres Indiens de la côte ; enfin, les continuels efforts du gouvernement portugais pour diminuer le pouvoir des anciens possesseurs de fiefs et les soumettre aux capitaines généraux nommés par la métropole. C’est à cette époque aussi que les Français, expulsés de Rio-Janeiro, essayèrent de s’établir sur cette côte. Si l’on réfléchit aux ressources de tout genre que présente la richesse du sol, on ne pourra s’empêcher de trouver que les accroissemens de cette colonie ont été bien lents : cela s’explique cependant par le caractère des premiers colons. Ce n’étaient pas uniquement des marchands et des agriculteurs ; c’étaient aussi des soldats et des aventuriers de toute espèce. Il en faut aussi chercher la raison dans les premières institutions civiles qui furent données à ces colonies ; institutions qui n’étaient que l’imitation du système féodal de l’Europe, et par conséquent beaucoup plus propres à favoriser les guerres contre les Indiens et d’autres expéditions périlleuses, que les paisibles progrès de l’agriculture et du commerce. Mais, si ces institutions, si l’influence qu’elles ont exercée sur le caractère des colons ont été sous bien des rapports un obstacle à ce que l’on profitât de toutes les ressources du sol, si elles ont retardé la prospérité de la colonie, d’un autre côté elles contribuèrent beaucoup à inspirer aux habitans de Pernambuco une ardeur guerrière, une persévérance, un