versant des eaux de la côte orientale et le Rio de San Francisco ; la seconde le divise entre le Rio de San Francisco et le Rio de la Plata, ou du moins les affluens du Rio de la Plata. D’après cela et d’après ce que nous avons dit dans le premier cahier sur la disposition générale du pays, il est aisé de voir de quel caractère distinctif sont ornés les paysages que la province de Minas Geraes offre à l’aspect du voyageur, lorsque de Rio Janeiro ou de San Paulo, lieux d’où les communications sont les plus fréquentes et les plus faciles, il se détermine à venir la visiter.
On arrive d’abord à la région des forêts primitives, qui se trouve entrecoupée de montagnes rocailleuses de médiocre élévation, de vallées fort étroites et de torrens impétueux ; néanmoins la plupart de ces montagnes sont couvertes de bois. Dans la proximité de la route (si toutefois ce chemin peut être appelé route) la forêt primitive est anéantie, et l’on voit une assez vaste étendue de Capoieras : ce sont des lieux où la forêt a été autrefois brûlée pour y établir des plantations, et qui se sont recouverts de broussailles, et surtout d’une espèce de fougère (pteris caudata). On imaginerait difficilement quelque chose de plus désagréable que l’aspect de ces lieux, qui se représentent à chaque instant sous une couleur verte tirant sur le gris. Quelques plantations (facendas) où l’on ne cultive que la fève, le manioc et le maïs, et quelques pauvres villages, sont tout ce que l’on rencontre : le voyageur n’y trouve que peu de ressource et encore moins d’aisance. Du côté de Rio Janeiro c’est le grand fleuve de Parahyba qui limite la province de Minas Geraes : il y a sur ses rives plusieurs douanes (registro), où l’on acquitte les droits d’entrée pour les marchandises, les Nègres, etc. À partir des bords de ce fleuve, le pays devient toujours plus montueux, les rivières plus rapides, les roches plus élevées, les montagnes plus dégarnies ; la contrée se coupe de vallées, et sur leurs hauteurs on remarque des arbrisseaux et des broussailles d’un genre particulier, et des groupes noirâtres de pins du Chili à feuillage foncé. Enfin l’on atteint le sommet de la montagne près d’une facenda qui porte le nom très-significatif de Borda del Campo. De là l’œil parcourt toute l’étendue des collines appelées Campos. À l’entrée de ces Campos se trouve la petite ville de Barbacena, autrefois appelée Arragal da Igreja nova ; mais qui depuis 1791 a été élevée au rang de ville, en prenant le nom du comte de Barbacena, qui était alors gouverneur de Minas Geraes. Le commerce qui existe entre Goyar, Minas Geraes et la côte, le grand nombre de tropas, qui arrivent de diverses directions pour traverser Barbacena, en font une ville aisée et industrielle, où pour la première fois, après avoir franchi les forêts primitives et les montagnes, le voyageur retrouve quelque aisance. Il y a environ