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D’après ces lois, celui qui découvre un district ou une couche fertile en or, obtient une data ou portion de 60 brasses de long et 40 de large, qu’il peut choisir lui-même ; la seconde data est réservée au gouvernement ; mais rarement ou presque jamais on ne l’exploite pour le compte du gouvernement ; le plus souvent on la partage entre des particuliers, ou on la vend. La troisième data appartient encore à celui qui a fait la découverte ; il la prend en qualité de mineur, s’il possède un nombre déterminé d’esclaves et s’il commence les travaux dans un temps donné ; sinon, il y a déchéance au profit du fisc, qui partage cette data, ainsi que le reste, entre d’autres personnes, selon le nombre d’esclaves qu’elles veulent employer à l’exploitation, et à raison de deux toises et demie carrées par chaque esclaves. Il y a trois manières d’exploiter les couches imprégnées d’or. La première s’appelle Trabalhar por minas. On dirige dans la montagne des sondes d’essai, et bientôt l’on connaît les endroits du quarz et des nids qui sont les plus riches en or : alors on y creuse jusqu’à ce que la couche s’amincisse ou que la roche devienne trop dure pour que l’on puisse l’extraire sans grands efforts. Souvent on s’arrête, parce que le minerai n’est pas assez riche, ou parce que les lumières s’éteignent, ce qui s’est déjà vu à une profondeur de quelques brasses. Quand un de ces motifs empêche les travaux, on abandonne la place, et l’on va creuser à quelques pas plus loin pour s’arrêter bientôt de nouveau. Il est rare que l’on établisse une communication d’un point à l’autre. De la sorte la montagne est percée partout où les torrens ne l’ont pas déchirée.

La seconde méthode s’appelle Trabalhar de talha aberta. Elle consiste à déchirer les couches imprégnées d’or par l’irruption des eaux et à laver l’or. On creuse à grands frais des conduits fort longs pour amener l’eau à l’endroit qu’on veut ainsi dévaster. Les esclaves munis de leviers et de bêches, détachent la terre et la roche friable que les eaux emportent dans des réservoirs pratiqués au pied de la montagne ; il y a des grilles sur lesquelles roulent les pierres trop grosses tandis qu’elles ne laissent passer avec l’eau que le sable et le gravier. Ces réservoirs ou fossés (Mondeos) sont sans cesse remués pour que l’or s’y purifie, et quand il est tombé au fond, on fait écouler l’eau, qui emporte les pierres. On reçoit aussi le sable d’or dans des peaux de bœufs et dans des couvertures de laine grossière, sur lesquelles le minerai précipité de la montagne est emporté par l’eau. Les anciens lits de rivières sont surtout propres à ce genre de travail. Souvent il s’y est accumulé du gravier jusqu’à cinquante pieds et plus, et d’abord il faut en opérer l’enlèvement. Il n’est ici question ni de machines ni de mécanique : tout ce que l’eau ne fait pas