Page:Rugendas - Voyage pittoresque dans le Brésil, fascicule 5, trad Golbéry, 1827.djvu/7

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d’elle-même, ne s’opère qu’au moyen des esclaves et de la manière la plus gauche et la plus lente.

On peut aisément imaginer combien ces lavages doivent être désavantageux pour les couches d’or, et combien peu favorable est la proportion du rapport à la richesse du minerai. Ils n’ont été calculés que pour obtenir les parties les plus grossières de l’or : tout ce qui est plus fin, tout ce qui tient plus particulièrement au minérai, est entièrement perdu et submergé dans le lit de la rivière ; ou bien ces débris encombrent la Lavra, et souvent à tel point, qu’aujourd’hui, dans les plus riches Lavras, le minérai qui les entoure ayant été détaché et entraîné par les eaux, il n’en reste plus que d’énormes amas de décombres, d’où les eaux pluviales font sortir encore quelques parcelles d’or, que l’on recueille sur des peaux de bœufs disposées à cet effet. Ce genre d’exploitation n’a pas même en sa faveur l’avantage du bon marché, surtout si l’on tient compte du capital représenté par la valeur de cette foule d’esclaves qui deviennent nécessaires pour les travaux les plus simples et les plus importans.

La troisième méthode est celle employée par les Faiscadores. Elle s’alimente uniquement des pertes immenses occasionnées par ce que les deux autres procédés ont de défectueux. La plupart des pierres encore riches de ces restes précieux sont entraînées dans des rivières et des ruisseaux qui, même abstraction faite de cette circonstance, charient une quantité d’or assez considérable. Il y a pour les Faiscadores deux espèces de travail : les uns se posent jusqu’à la ceinture dans l’eau et ramassent le sable de la rivière au moyen d’une écuelle de bois (Batea) ; à force de secouer et d’agiter leur écuelle à la surface de l’eau, la terre et les pierres sont emportées, tandis que le sable d’or se précipite au fond du vase : on met alors dans un autre vase cet or qui n’est pas encore entièrement purifié, et quand la journée est finie, on en retire les plus grosses parcelles, et l’on remue et retourne bien le reste. De la sorte un Faiscador peut, sans grande peine et en peu d’heures, produire 150 à 200 rées, et un ouvrier habile parvient, surtout après de grandes pluies, à en rassembler de 400 à 800.

D’autres Faiscadores sont occupés à amonceler le sable des rivières, et ils y font couler un peu d’eau pour enlever les parties légères. Le surplus est ensuite transporté sur un foyer plat, construit sur le rivage même ; là on arrose et on remue cet amas, dont l’écoulement est dirigé vers une peau de bœuf que l’on étend dans un conduit (canoa) ; enfin le tout est encore porté dans une auge, où on lui fait subir un dernier lavage. Il est permis à chacun de rechercher de l’or par ce procédé :