Page:Rugendas - Voyage pittoresque dans le Brésil, fascicule 7, trad Golbéry, 1827.djvu/10

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sont journaliers, bateliers, pêcheurs. Leur sang déjà s’est mêlé de beaucoup d’élémens européens et africains. On a cherché à créer des établissemens de ce qui reste des races indépendantes ; on a voulu les ramener à l’agriculture et à une vie commune ; mais sans obtenir de succès notable : il faudra bien du temps pour anéantir le souvenir des cruautés exercées sur ces peuples et pour y substituer une confiance réciproque. La plupart des indigènes, et surtout des Tapuyas, habitent encore les forêts primitives, qu’ils parcourent par petites bandes de chasseurs. Toutefois les sauvages du Brésil sont avec les Européens dans des rapports paisibles, et il est rare de voir des actes de violence interrompre la bonne intelligence. Cependant il ne faut pas croire que ces habitans primitifs soient subjugués : il serait inutile et fort difficile de les soumettre. Il y a entre eux des guerres continuelles, soit à raison de la chasse, soit pour des inimitiés héréditaires, qui peut-être remontent aux divisions des Tupis et des Tapuyas. Les noms de ces peuplades ne rappellent en rien les noms de celles qui étaient dans ces lieux au temps de la conquête, soit que leurs restes dispersés les aient oubliés pour en prendre d’autres, soit qu’en effet d’autres peuplades, comme les Tapuyas, soient venues de l’intérieur. Au surplus, il en est qui ont plusieurs noms, sans compter celui qu’elles se donnent à elles-mêmes. Les Portugais les appellent selon le mot de leur langue qui répond à tel ou tel caractère extérieur et distinctif, tandis que, de leur côté, d’autres peuples se servent aussi de leurs propres mots pour leur donner un nom qui réponde soit à ce caractère, soit à tout autre dont ils sont plus particulièrement frappés. C’est ainsi que les noms de ces peuples se sont multipliés au point de produire une grande confusion dans les recherches. On peut distinguer maintenant sur la côte orientale du Brésil les nations indiennes en Botocudos, Puris, Coroados, Coropos, Machacalis, Macuonis, Penhanis, Capoxos, Cataxos, Camacans, etc. Parmi ces nations il serait difficile de dire lesquelles appartiennent aux Tupis, lesquelles aux Tapuyas. Dans l’usage ordinaire du discours ce dernier nom comprend tous les Indiens sauvages indépendans, par opposition à ceux qui sont soumis et civilisés ; mais l’abus qu’on fait du mot est facile à expliquer.


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