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Page:Ruinart - Les véritables actes des martyrs, tome 1, 1818.djvu/237

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DE S. ALEXANDRE.

Ils étoient dans la fleur de leur jeunesse, et ils n’avoient point voulu engager leur liberté, ni se charger du joug du mariage. Dès qu’ils eurent aperçu les premiers feux de la persécution, ils songèrent à suivre le conseil de l’évangile ; car ne pouvant pas fuir de ville en ville, ils se contentèrent de chercher une retraite, où ils pussent demeurer cachés, et y servir Dieu en secret. Ils la trouvèrent dans un faubourg de Lyon, proche Pierre-Scize, et ce fut le petit logis d’une veuve chrétienne et d’une singulière piété qui les mit d’abord à couvert de la première enquête des persécuteurs. Ils y furent quelque temps inconnus, par la fidélité que leur garda leur sainte hôtesse, et par le peu d’apparence qu’avoit leur asyle. Mais enfin ils furent découverts, et ils ne purent échapper à l’importune et trop curieuse recherche d’un officier du président. Ils furent arrêtés au passage étroit d’une petite chambre dans le moment qu’ils se sauvoient, et ils demeurèrent si éperdus lorsqu’ils se virent entre les mains cruelles des gardes du gouverneur, qu’Epipode perdit un de ses souliers que sa charitable hôtesse trouva, et qu’elle conserva comme un riche trésor.

Ils furent d’abord mis en prison, et avant même que d’avoir été interrogés[1] : le seul nom de chrétien portant avec soi une conviction manifeste des plus grands crimes. Trois

  1. Contre les règles de la jurisprudence romaine.