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Page:Ruinart - Les véritables actes des martyrs, tome 1, 1818.djvu/239

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DE S. ALEXANDRE, etc.

Le ciel et la terre demandent votre supplice, il est juste de les satisfaire. Mais de crainte qu’ils ne s’encouragent l’un l’autre, et qu’ils ne s’animent à souffrir par des paroles ou par des signes, comme on sait assez que c’est la coutume de ces gens-ci ; qu’on les sépare ; qu’on fasse retirer Alexandre qui paroît le plus vigoureux, et qu’on applique Epipode à la question. Le gouverneur crut qu’il pourroit tirer quelque avantage de la conjoncture où se trouvoit ce pauvre jeune homme, privé du secours de son ami, abandonné à sa propre faiblesse, et laissant présumer que dans une si grande jeunesse on ne devoit pas craindre une résistance trop opiniâtre. Suivant donc les traces de l’ancien serpent, il commença par employer la douce persuasion, et à faire glisser dans son âme le poison mortel de la flatterie. Ah ! C’est dommage, lui dit-il, qu’un si aimable jeune homme périsse pour la défense d’une mauvaise cause ; je sais que vous avez de la piété, que votre âme est remplie de tendres sentimens de religion : mais nous croyez-vous des impies ? N’avons-nous pas une religion et des dieux, et la piété est-elle bannie de nos temples ? Toute la terre adore les mêmes divinités que nous, et nos augustes princes sont les premiers à leur rendre leurs hommages. Au reste, nos dieux aiment la joie : c’est au milieu des banquets somptueux qu’on leur adresse des prières ; et les vœux qu’on leur fait ne sont jamais mieux exaucés, que lorsqu’on les accompagne