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DE S. ALEXANDRE, etc.

vous versez, n’en est que plus éclatant. Cette religion que vous prétendez renverser par vos foibles efforts, c’est Dieu qui en a jeté les fondemens, ils sont inébranlables ; la vie pure et sainte des chrétiens soutient l’édifice, et leur mort précieuse l’augmente et l’embellit. C’est ce même Dieu qui a fait le Ciel, il est le maître de la terre, et il règne par sa justice dans les enfers. Apprenez que les âmes auxquelles vous croyez donner la mort s’échappent de vos mains, et prennent leur essor vers le ciel, où un royaume les attend ; au lieu que vous descendrez dans l’enfer avec vos dieux. En faisant mourir mon cher frère, vous avez assuré son bonheur, et je meurs d’impatience de le partager avec lui. Qu’attendez-vous donc ? Je suis chrétien, je l’ai toujours été, je ne cesserai jamais de l’être. Vous pouvez cependant tourmenter ce corps, qui étant formé de terre est sujet aux puissances de la terre : mais mon âme d’une nature toute céleste, ne reconnoît point votre pouvoir ; et celui qui l’a créée saura bien la garantir de votre cruauté.

Ce discours ne fit qu’augmenter dans l’âme du gouverneur la honte et la colère. Il fit étendre le S. Martyr les jambes écartées, et trois bourreaux le frappoient sans relâche. Ce tourment ne diminua rien de la sainte fierté de ce généreux Athlète, et il ne s’adressa jamais qu’à Dieu pour implorer son secours. Comme son courage ne se démentoit point, et qu’il commençoit à lasser les bourreaux qui s’étoient