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interprétations

en son nom. « Il sera mon peuple et je serai son Dieu[1] », et ces mots recevaient pour eux un sens plus profond de cette croyance gracieusement locale et simplement aimante que le Christ, comme il était un Juif au milieu des Juifs, un Galiléen au milieu des Galiléens était aussi partout où il y avait de ses disciples, même les plus pauvres, quelqu’un de leur pays, et que leur propre « Beau Christ d’Amiens » était aussi réellement leur compatriote que s’il était né d’une vierge picarde.

4. Il faut se souvenir cependant, — et ceci est un point théologique sur lequel repose beaucoup du développement architectural des basiliques du Nord, — que la partie de l’édifice dans laquelle on croyait que la présence divine était constante, comme dans le Saint des Saints juif, était seulement le chœur clos, devant lequel les bas côtés et les transepts pouvaient devenir le Lit de Justice du roi, comme dans la salle du trône du Christ ; et dont le maître-autel était protégé toujours des bas côtés qui l’entouraient à l’est par une clôture du travail d’ouvrier le plus fini, tandis que, de ces bas côtés rayonnait une suite de chapelles ou de cellules, chacune dédiée à un saint particulier. Cette conception du Christ dans la société de ses saints (la chapelle la plus à l’est de toutes étant celle consacrée à la Vierge) se trouvait à la base de la disposition entière de l’abside avec ses supports et ses séparations d’arcs-boutants et de trumeaux ; et les formes architecturales ne pourront jamais vraiment nous ravir, si nous ne

  1. « Car vous êtes le temple du Dieu vivant ainsi que Dieu l’a dit : « J’habiterai au milieu d’eux et j’y marcherai ; je serai leur Dieu et ils seront mon peuple » (II Corinthiens, vi, 16). — (Note du Traducteur.)