Page:Ruskin - Les Lys du jardin de la reine.djvu/22

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secours, et durant la longue ascension du Paradis reste son maître, lui expliquant les vérités les plus ardues, divines ou humaines, et par ses réprimandes répétées le conduisant d’étoile en étoile.

Je n’insiste pas sur la conception de Dante ; s’il m’arrivait de commencer je ne saurais finir ; d’ailleurs vous pourriez ne considérer ces idées que comme les créations fantastiques du cœur d’un seul poète, Aussi je préfère vous lire quelques strophes calmement composées par un chevalier de Pise à sa dame vivante. Elles sont absolument caractéristiques des sentiments qu’éprouvaient les plus nobles gentilshommes du xiiie et du xive siècle, — et nous ont été conservées, parmi tant d’autres souvenirs de ces temps d’honneur chevaleresque et d’amour que Dante Rossetti a recueillis pour nous chez les premiers poètes italiens :


« Car voici ! C’est là ta loi que mon amour manifestement soit pour te servir et t’honorer ; et ainsi fais-je, et ma joie est-elle complète d’être accepté pour le serviteur de ta règle.

« À peine admis encore, mon ravissement est extrême, depuis que ma volonté, ô fleur de joie, est de servir ta perfection. Ni ne me semble-t-il que jamais aucune chose puisse éveiller en moi une peine ou un regret.

« Mais à toi se rapportent et mes pensées et toutes mes impressions ; car de toi jaillissent toutes les vertus, comme d’une source très pure ; car ce que tu donnes,