Page:Ruskin - Les Lys du jardin de la reine.djvu/23

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c’est la parfaite sagesse et l’honneur sans défaillance ; chaque souverain bien demeure séparément en toi, remplissant la plénitude de ton royaume.

« Oh ma dame ! depuis que je porte en mon cœur ton image plaisante, ma vie s’est écoulée solitaire dans la lumière brillante, au lieu de la Vérité, elle qui jusqu’alors avait tâtonné parmi les ombres d’un lieu sombre, durant bien des heures et des jours, gardant à peine un souvenir du bien.

« Mais maintenant ton servage est le mien, et je suis plein de joie et de paix. De la bête sauvage qui fut moi, tu fis un homme, depuis que par ton amour je vis. »


61. Mais vous pensez peut-être qu’un guerrier grec aurait eu de la femme une idée moins haute que cet amant chrétien. Sa sujétion spirituelle n’aurait certes pas été aussi absolue. Mais pour ce qui est des réputations particulières des femmes, c’est uniquement parce que vous n’auriez pu me suivre aussi facilement que je n’ai pas choisi les femmes grecques au lieu de celles de Shakespeare ; car à l’appui, pour modèle idéal, pour types de beauté et de foi humaine, je vous aurais montré le simple cœur de femme et de mère chez Andromaque ; la sagesse divine et cependant rejetée de Cassandre, la bonté enjouée et la simplicité de la vie de princesse de l’heureuse Nausicaa ; le calme de recluse de Pénélope qui guette sur la mer ; la piété patiente, intrépide et dévouée sans espoir, de la sœur et de la fille, chez Antigone ; le cou plié d’Iphigénie silencieuse comme