Page:Ruskin - Les Lys du jardin de la reine.djvu/26

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bien dit obéissance, non pas simplement enthousiasme et adoration intellectuelle, mais dépendance entière, l’amant recevant de la femme aimée, si jeune fût-elle, non seulement l’encouragement et l’éloge, la récompense de son labeur, mais, autant qu’il y avait choix à faire ou décision difficile à prendre, la direction même de son labeur. Cette Chevalerie, dont les abus et les souillures ont produit tout ce qu’il y a de cruel dans la guerre, d’injuste dans la paix, de corrompu et de bas dans les relations domestiques, et dont l’originale pureté et la puissance enfantèrent également la défense de la foi, de la loi et de l’amour, cette chevalerie, dis-je, pour premier fondement d’une vie d’honneur, posait la sujétion du jeune chevalier aux ordres, même aux ordres capricieux de sa dame. Ceux qui l’ont créée savaient, en effet, que tout cœur droit et vraiment chevaleresque ne trouvera l’impulsion première et nécessaire à son action que dans le service aveugle de sa dame ; — que là où cette vraie foi et cette captivité ne seraient pas, seront toutes les passions mauvaises et déréglées ; — que cette obéissance enthousiaste à l’unique amour de sa jeunesse, sanctifie la force de l’homme et lui donne la persévérance dans toutes ses entreprises.

Et cela, non pas qu’une telle obéissance soit préservatrice ou honorable rendue à celle qui en est indigne, mais parce qu’il devrait être impossible, et qu’il est d’ailleurs véritablement impossible à tout homme au cœur noble d’aimer une femme aux doux avis de