Page:Ruskin - Les Lys du jardin de la reine.djvu/32

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nous demanderons maintenant quelle sorte d’éducation la rendra capable de remplir l’une et d’exercer l’autre.

Le premier de nos devoirs envers elle (aucune personne sensée ne le mettra en doute) est de lui assurer une éducation physique qui puisse affermir sa santé et perfectionner sa beauté, le plus haut degré de cette beauté ne pouvant être atteint sans la splendeur de l’activité et de la force délicate. Perfectionner sa beauté, dis-je, afin d’en accroître le pouvoir ; il ne sera jamais trop grand, et jamais ne répandra trop loin sa lumière sacrée. Souvenez-vous seulement que la liberté du corps est nulle pour produire la beauté, sans la liberté correspondante du cœur. Il est deux passages de ce poète[1] qui me semble se distinguer de tous les autres, non par sa puissance, mais par l’exquise justesse de sa pénétration, qui vous indiqueront la source et vous décriront en quelques mots le suprême de la beauté féminine. Je vous lirai les strophes introductrices ; mais la dernière est celle sur laquelle je vous demande de porter spécialement votre attention.


« Trois ans durant elle grandit sous le soleil et l’ondée ; puis la Nature dit : Fleur plus aimable jamais ne fut semée sur terre ; je prendrai cette enfant pour moi, elle m’appartiendra et j’aurai une femme de moi créée.

« Pour ma bien-aimée, je serai à la fois la loi et l’impulsion ; avec moi l’enfant, dans le rocher et la

  1. Wordsworth.