Page:Ruskin - Les Lys du jardin de la reine.djvu/31

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69. Telle est donc, j’en suis persuadé (et ne voudrez-vous pas l’être avec moi ?), la place de la femme, tel est son véritable pouvoir. Mais ne voyez-vous point que pour remplir cette place et pour exercer ce pouvoir, il faut qu’elle soit — autant que l’on peut employer ces termes en parlant d’une créature humaine — incapable d’erreur. Là où elle règne tout doit être juste, ou rien n’est. Il faut qu’elle soit bonne, incorruptiblement et toujours bonne, instinctivement, infailliblement sage — non point pour se développer, mais pour se renoncer elle-même, sage, non point pour se placer au-dessus de son mari, mais pour ne jamais manquer à son côté — sage, non avec l’étroitesse d’un orgueil insolent et sec, mais avec la douceur passionnée d’une serviabilité modeste, — infiniment changeante parce qu’elle s’applique à des circonstances infiniment variées : et c’est là la véritable variabilité de la femme. Dans le sens profond — « la donna è mobile », ce n’est plus « qual pium’al Vento » ; ni non plus « variable comme l’ombre faite par le tremble léger et vacillant »[1] ; mais c’est variable comme la lumière aux rayons multiples, délicats et sereins, qui revêt la couleur de tous les objets sur qui elle tombe, et qui l’exalte.

III

70. J’ai essayé jusqu’ici de vous montrer quels devraient être la place et le pouvoir de la femme. Nous

  1. Walter Scott (Marmion 6e chant ; stance 30).