Page:Ruskin - Les Lys du jardin de la reine.djvu/46

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fées pour vos enfants si vous le désiriez. — Mais le désirez-vous vraiment ? Supposez que vous eussiez chacun, derrière votre maison, un petit jardin, assez grand pour y laisser jouer votre enfant, et une pelouse ou il y eût juste assez de place pour qu’il y put courir — pas davantage ; — supposez encore que vous ne puissiez changer de demeure, mais que vous puissiez, à votre choix, doubler ou quadrupler votre revenu en creusant un puits à charbon au milieu de la pelouse et en convertissant les corbeilles en monceaux de coke. Le feriez-vous ? J’espère que non. Je puis vous assurer que vous auriez tort de le faire, même si vous deviez par là accroître votre revenu dans la proportion de quatre à soixante pour cent.

83. Et cependant, c’est là ce que vous faites aujourd’hui de toute l’Angleterre. Le pays entier n’est qu’un petit jardin, juste assez grand pour laisser tous vos enfants courir sur les pelouses, si vous vouliez les y laisser tous courir. Mais de ce petit jardin vous feriez un haut fourneau et le rempliriez de monceaux de cendres si vous pouviez ; et, non pas vous, mais vos enfants souffriraient de cela. Car les fées ne seront point toutes bannies. Il est des fées des fourneaux, comme il est des fées des bois ; leurs premiers dons semblent être : « les flèches aiguës du guerrier » ; mais leurs derniers dons ce sont : « les charbons ardents du genêt[1] ».

84. Et cependant, je ne puis pas (bien qu’il n’y ait

  1. Psaume CXX.