Page:Ruskin - Les Lys du jardin de la reine.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de toutes vos forces. Mais quel pouvoir ? C’est là toute la question. Le pouvoir de détruire ? Celui de la patte du lion et de l’haleine du serpent ? Non pas. Mais le pouvoir de guérir, de racheter et de protéger. Le pouvoir du sceptre et du bouclier ; le pouvoir de la main royale qui guérit en touchant, qui enchaîne l’ennemi et délivre le captif ; celui du trône fondé sur le rocher de Justice et dont on descend seulement par les marches de la Miséricorde. — Ne convoiterez-vous pas un tel pouvoir ? Ne chercherez-vous pas un tel trône et ne voudrez-vous point être, non plus des femmes d’intérieur simplement, mais des reines ?

88. Il y a bien longtemps que les femmes d’Angleterre s’arrogèrent universellement un titre qui jadis appartenait à la seule noblesse, et, après avoir accepté le simple titre de « Gentlewoman », comme correspondant à celui de « gentleman », insistèrent pour obtenir la permission de porter celui de « lady », qui correspond au titre de « lord[1]. »

Je ne les blâme point en cela ; mais seulement de leurs

  1. Je désirerais qu’il fut institué, pour notre jeunesse anglaise d’un certain rang, un ordre de chevalerie, ou, garçons et filles, seraient, à un certain âge, sacrés chevaliers ou « dames ». Ces titres ne pourraient être obtenus qu’après des preuves ou des épreuves certaines de caractère ou de talent ; ils seraient perdus, lorsque celle ou celui qui les porteraient serait convaincu, par ses pairs, d’avoir accompli une action déshonorante. Une telle institution serait parfaitement possible avec tous ses nobles résultats chez une nation qui aimerait l’honneur. — Qu’elle ne puisse l’être chez nous, cela ne doit pas discréditer le projet.