Page:Ruskin - Les Lys du jardin de la reine.djvu/50

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communauté, est de contribuer à l’ordre, au bien-être, à l’embellissement de l’État.

Ce que l’homme est à sa propre porte, la défendant, s’il est besoin, contre les insultes et les rapines, cela il doit être, et non pas avec un dévouement moins grand, mais plus absolu, à la porte de sa patrie ; abandonnant, s’il le faut, son foyer au ravisseur, pour remplir à cette place son devoir plus important. De même ce que doit être la femme derrière les portes de sa maison : le centre de l’ordre, le baume de la détresse, le miroir de la beauté ; cela elle doit l’être aussi hors de ses portes, là où l’ordre est plus difficile, la détresse plus imminente et la grâce plus rare.

Et de même qu’au fond du cœur humain gît toujours un instinct pour chacun de ses véritables devoirs, — instinct que l’on ne peut étouffer, mais seulement fausser et corrompre en le détournant de son but véritable, — de même qu’il y a cet intense instinct de l’amour qui, justement discipliné, maintient toutes les saintetés de la vie et, mal dirigé, les mine, et qui doit nécessairement faire l’un ou l’autre — ainsi il est au fond du cœur humain un instinct inextinguible : celui de l’amour du pouvoir, qui, droitement dirigé, maintient toute la majesté de la loi et de la vie, et, mal dirigé, les abîme.

87. Profondément enraciné aux plus intimes sources de la vie dans le cœur de l’homme et de la femme, Dieu l’a placé là, et Dieu l’y garde. Aussi vainement qu’injustement vous blâmez ou entravez le désir du pouvoir. — Pour Dieu et pour vous-même, désirez-le