Page:Ruskin - Les Matins à Florence.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dide vase Étrusque coloré, renversé au-dessus de votre tête comme une cloche à plongeur ». S’insurgeant ensuite contre les affirmations de la critique moderne qui conteste l’authenticité des vases étrusques, il insiste encore davantage sur cette idée et l’étend même aux artistes florentins du xve siècle : « Toutes les plus belles œuvres Florentines, celles de Luca della Robbia, de Ghiberti, de Donatello, de Filippo Lippi, de Botticelli, de Fra Angelico, sont absolument du pur Étrusque ; les sujets seuls changent et l’on représente la Vierge, au lieu d’Athéné, et le Christ, au lieu de Jupiter. Chaque ligne tracée par le ciseau florentin, au xve siècle, repose sur des principes d’art national reconnus dès le viie siècle avant J.-C, et l’Angelico, dans son couvent de Saint-Dominique, au pied de la colline de Fiesole, est aussi profondément Étrusque que le constructeur qui posa les pierres brutes du mur qui en longeait la crête. »

Dans ce cas comme dans bien d’autres, il n’existe aucune incompatibilité entre les découvertes de la critique et l’opinion émise par Ruskin. Il semble établi que les vases dits « étrusques » ont été importés d’Athènes, mais il ne s’ensuit pas que l’on ne puisse faire aucun rapprochement entre l’art étrusque et l’art toscan ; même la chose serait-elle impossible, faute de documents, que l’on n’en pourrait pas moins établir, par voie d’analogie, de fortes présomptions en faveur de cette idée d’un art national populaire, appliquant les mêmes procédés techniques à l’expression des sentiments les plus variés, et unifiant, en quelque sorte, par les instincts profonds qu’il traduit, les idéaux divers qui viennent s’y superposer.

Car c’est bien d’un art traditionnel et populaire qu’il s’agit, Ruskin nous le dit clairement : « Il y avait à Florence le fond Étrusque… C’était une race agricole, aimable, réfléchie et d’un raffinement exquis dans les ouvrages manuels. Le chapeau de paille de Toscane — le chapeau de paille d’Italie — est du pur art Étrusque, mesdemoiselles[1]. » Ailleurs — dans la Tour du Berger — il rapporte tout

  1. La Porte d’Or, § 35.