Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/194

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généralement, on ne le voit pas. Il ne restait donc à décorer que les trois autres angles : celui de la Vigne, celui du Figuier et celui du Jugement. Ces angles se composent, ainsi que nous venons de l’expliquer :

1o De trois grands chapiteaux-supports (arcade inférieure) ;

2o Au-dessus d’eux, de trois personnages sculptés (arcade inférieure) ;

3o De trois chapiteaux plus petits (arcade supérieure) ;

4o Au-dessus d’eux, de trois anges ;

5o De trois colonnes torses avec des niches.

Je décrirai les chapiteaux-supports en leur place, à côté de ceux de l’arcade inférieure ; il me faut d’abord signaler à l’attention du lecteur les sujets choisis pour les grandes figures au-dessus des chapiteaux. Elles sont bien, en effet, les véritables pierres angulaires de l’édifice et nous devons nous attendre à ce qu’elles nous démontrent autant le sentiment du constructeur que son habileté. S’il avait quelque chose à dire sur le but dans lequel il bâtit ce Palais, on peut être assuré qu’il l’aura dit ici ; s’il désirait particulièrement enseigner quelque leçon à ceux pour qui il travaillait, c’est ici qu’il l’aura fait ; et si les Vénitiens eux-mêmes ont désiré exprimer un certain sentiment dans le premier édifice de leur cité, c’est ici que nous sommes certains de le trouver inscrit.


Les deux angles de la Vigne et du Figuier appartiennent à l’ancien, au vrai Palais gothique ; le troisième appartient à l’imitation qu’en fit la Renaissance. C’est donc, dans les deux premiers angles, l’esprit gothique qui va nous parler ; et, dans le troisième, l’esprit de la Renaissance.