Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/291

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Avant de passer à celui-là — le dernier dont je fatiguerai le lecteur — retournons un moment, pour mieux sentir le contraste, à une tombe des anciens temps.

Dans une sombre niche du mur extérieur du corridor extérieur de Saint-Marc — pas même dans l’église, mais sous le porche, du côté nord — repose un massif sarcophage de marbre blanc, élevé à deux pieds du sol par quatre piliers carrés. Le couvercle est de pierre, sur ses deux extrémités sont sculptées deux croix : sur la façade sont deux rangées de figures rudement façonnées : en haut le Christ avec les Apôtres; en bas, six personnages, alternativement mâles et femelles, tendant leurs mains comme pour bénir. Le sixième est le plus petit, et celui des cinq autres qui occupe le milieu a un glaive autour de la tête. Je ne saurais expliquer la signification de ces figures, mais, entre elles, sont suspendus des encensoirs attachés par des croix, expression symbolique de la fonction médiatrice du Christ. Le tout est entouré par une guirlande de feuilles de vigne sortant du pied de la croix.

Sur la bande de marbre qui sépare les deux rangées de personnages sont inscrits ces mots :


« Ici repose le seigneur Marin Morosini, Doge. »


Cette tombe est celle du doge Marino Morosini, qui régna de 1249 à 1252.


Transportons-nous de ce simple et solennel tombeau dans le transept sud de l’église Saints-Jean et-Paul, et la s’élevant jusqu’à la voûte, nous verrons un amoncellement de marbre, haut de 60 ou 70 pieds, un mélange de jaune et de blanc ; le jaune représentant un énorme rideau — avec câbles, franges et glands — soutenu par des ché-