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Page:Ruskin - Sésame et les lys.djvu/192

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tout où elle est ; et pour une femme noble il s’étend loin autour d’elle, plus précieux que s’il était lambrissé de cèdre[1] ou peint de vermillon, répandent au loin sa calme lumière, pour ceux qui sans lui n’auraient pas de foyer.

69. Telle, donc, je crois être, et ne voulez-vous pas reconnaître qu’elle l’est en effet, la vraie place et le vrai rôle de la femme. Mais ne voyez-vous pas que, pour les remplir, elle doit — autant qu’on peut user d’un pareil terme pour une créature humaine, — être incapable d’erreur ? Aussi loin qu’elle règne, tout doit être juste, ou rien ne l’est. Elle doit être patiemment, incorruptiblement bonne ; instinctivement, infailliblement sage — sage non en vue du développement d’elle-même, mais du renoncement à elle-même : sage, non pour se mettre au-dessus de son mari, mais pour ne jamais faiblir à son côté ; sage non avec l’étroitesse d’un orgueil insolent et sec, mais avec la douceur passionnée d’un dévouement modeste, infiniment variable parce qu’il peut s’appliquer à tout — la vraie mobilité de la femme. Dans son sens profond « La Donna e mobile[2] », mais non pas « Qual piùm’al vento » ; elle n’est pas non plus « variable comme l’ombre faite par le tremble léger et frissonnant[3] », mais variable comme la lumière, que multiplie sa

  1. Allusion à Jérémie, xxii, 14 : « Malheur à qui dit : « Je me bâtirai une grande maison et des étages bien aérés, et qui s’y perce des fenêtres, qui la lambrisse de cèdre, et qui la peint de vermillon. » (Note du traducteur.)
  2. Rigoletto. (Note du traducteur.)
  3. Walter Scott (Marmion, 6e chant, stance 30). Référence du Bulletin de l’Union pour l’action morale, no du 1er janvier 1896. (Note du traducteur.)