Page:Ruskin - Sésame et les lys.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans vous tourmenter par de nouvelles questions, je me risque à supposer que vous admettez du moins le devoir comme un mobile secondaire ou tertiaire.Vous pensez que le désir de faire quelque chose d’utile, ou d’obtenir quelque bien réel est en effet une idée existante collatérale (quoique secondaire) au désir d’avancement de la plupart des hommes. Vous accorderez que des hommes moyennement honnêtes désirent une place et une fonction, du moins dans une certaine mesure, pour l’amour d’une influence bienfaisante[1] ; et aimeraient à fréquenter plutôt des gens sensés et instruits que des fous et des ignorants, qu’ils dussent ou non être vus avec eux[2] — ; et finalement, sans vous ennuyer à vous répéter les truismes courants sur le prix des amitiés, et l’influence des fréquentations, vous admettrez sans doute que nos amis peuvent être sincères et nos compagnons sages, et que seront en proportion du sérieux et du discernement avec lesquels nous choisirons les uns et les autres, nos chances générales d’être heureux et utiles.

6. Mais en supposant que nous ayons la volonté et

  1. Cf. « Vous pouvez observer comme un caractère très fréquent de la sagesse avisée de l’esprit protestant clérical, qu’il suppose instinctivement que le désir du pouvoir et d’une situation n’est pas seulement universel dans le clergé, mais est toujours purement égoïste dans ses motifs. L’idée qu’il soit possible de rechercher une influence pour l’usage bienfaisant qu’on peut en faire ne se présente pas une seule fois dans les pages d’un historien ecclésiastique d’époque récente. (La Bible d’Amiens, III, 33 (Note du Traducteur.)
  2. Et cependant le fait constamment observé que beaucoup de gens d’extraction modeste, mais distingués par le talent, sont snobs, signifie simplement qu’ils quittent la société d’autres gens de talent pour rechercher celle d’hommes « ignorants et insensés » bien souvent, qu’ils sont heureux de voir et avec qui ils sont heureux d’être vus. (Note du Traducteur.)