Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/133

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humaine, incapable d’erreur. Aussi loin qu’elle gouverne, tout doit aller droit, ou bien rien ne va. Elle doit être bonne, constamment, incorruptiblement ; sage, instinctivement, infailliblement, sage, non pour son propre développement, mais pour sa propre renonciation, sage, non pour s’élever au-dessus de son mari, mais pour ne jamais faillir à son côté ; sage, non avec l’étroitesse d’un orgueil insolent et dénué d’amour, mais avec la douceur passionnée d’une serviabilité modeste, infiniment multiforme, parce qu’infiniment applicable, — la vraie mobilité de la femme. — Dans ce grand sens, la donna è mobile non « comme la plume au vent », ni même « variable comme l’ombre faite par le léger tremble frissonnant », mais variable comme la lumière, infiniment diverse dans sa belle et sereine répartition, — la lumière qui prend la couleur de tout objet qu’elle touche, mais afin de la faire briller.

C’est toujours d’un œil de peintre que l’écrivain scrute les dogmes et déchiffre les chartriers. Pour lui, l’histoire est une place publique, perspectivée par Canaletto, où vont et viennent des personnages splendidement ou misérablement vêtus, à la Guardi ou à la Tiepolo, portant des bannières qu’il décrit avec joie, composant des blasons qu’il analyse avec soin, frappant des monnaies qu’il fait miroiter devant vos yeux comme le Pierre de Médicis des Uffizi, d’un geste prompt et subtil. Un trèfle gravé sous les pieds du saint Jean dans un florin frappé au val de Serchio lui représente toute une victoire des Florentins sur les