Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/134

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Pisans, et il suit la marche du parti populaire de Florence à la progression d’une couleur sur les armoiries de la ville, comme on suit celle des heures à quelque ombre montante sur un mur.

S’il parle des laves et des roches siliceuses, des poudingues et des calcaires, des terrains stratifiés du Cumberland et de la marche des glaciers de Suisse, c’est encore en peintre qui considère la science comme un paysage dont les lignes changent peu à peu sous la poussée des éléments, aux glissements et aux renouveaux perpétuels, dont les lois s’expriment par des figures dans les nuages et par des figures dans les fleurs. Les religions lui apparaîtront de même comme des fresques de Primitifs où les vertus théologales s’imposent par de jolis gestes, où les dogmes se mesurent à la pureté des couleurs. Le cycle entier des idées et des choses est ainsi parcouru, le pinceau à la main. L’auteur pense en images — ce que justement ne font pas certains grands peintres de son pays ; — et par là, plus que par ses dessins et ses aquarelles, il se trouve être réellement un pittore et l’un des plus pittoresques du Royaume-Uni. Cela est si vrai que, dans les mots mêmes dont il se sert pour traduire ses images, il ne trouve jamais qu’il y ait assez de couleur. Il n’est point satisfait de l’idée générale, amorphe, décolorée par un long usage, qu’ils